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Dans l'Atelier
L'Atelier de théorie littéraire ouvre avec la nouvelle année de nouveaux chantiers : après s'être interrogé sur nos mémoires de lecteurs et les paradoxes de la relecture ("Peut-on trahier les livres que l'on a aimés ?"), Marc Escola s'arrête sur "L'heure luxueuse du loisir romanesque" en réunissant une anthologie de textes méditant la phrase attribuée par Breton à Valéry pour dénoncer l'arbitraire du romancier : "La marquise sortit à cinq heures". Dans un essai inédit en français, Alexandre Gefen revient sur 'Le tournant empiriques des études littéraires", et Alain Trouvé dialogue avec les thèses de François Rastier sur le témoignage : "Du témoignage littéraire au roman historique: régimes de fiction et relation littéraire". L'Atelier redonne à lire encore la préface elle-même historique donnée par René Démoris pour l'édition des Mémoires de Casanova dans la collection GF-Flammarion en 1977 : "L'invention de Casanova".
Littérature et culture matérielle

Après le volume Usages de l’objet. Littérature, histoire, arts et techniques, XIXe-XXe siècles, Marta Caraion fait paraître Comment la littérature pense les objets. Théorie littéraire de la culture matérielle (Champvallon), un essai qui prélude à un projet de recherche sur les rapports entre littérature et culture matérielle du XIXe au XXIe siècle (FNS/Université de Lausanne). Elle montre comment la littérature assure un rôle essentiel dans la constitution d’une pensée critique de la culture matérielle de l’âge industriel : avant les sciences sociales et la philosophie, les textes littéraires, à partir des années 1830, problématisent les mutations d’une culture matérielle en expansion et l’ébranlement que celle-ci provoque dans l’ordre des catégories existentielles et esthétiques. En observant les objets sous toutes leurs coutures (sociologique, esthétique, ontologique) le livre pose les bases d’une théorie générale et actuelle des objets, instituée par la fiction. Fabula vous invite à découvrir le sommaire de l'ouvrage et à lire deux extraits de son introduction : "Pour une lecture matérialiste des objets en littérature", et, dans l'Atelier de théorie littéraire, "Les objets littéraires comme pensée critique", qui vient enrichir l'entrée "Choses" de l'encyclopédie.
Théories de la surveillance

Si, d’un point de vue empirique, la surveillance est bien identifiée depuis plusieurs décennies comme un enjeu majeur - politique, social et économique – de nos sociétés contemporaines, donnant lieu à de nombreux dossiers et investigations journalistiques, le champ des écrits théoriques sur le sujet reste assez méconnu, souvent aimanté par la seule hypothèse "panoptique" formulée par Foucault dans Surveiller et punir (1975). Le fait est que les situations que nous vivons semblent accréditer l'idée d'une logique principalement "gouvernementale", portée par un arsenal de dispositifs de type avant tout "disciplinaire". Il n’est que d’évoquer la crise sanitaire actuelle… Dans Les théories de la surveillance. Du panoptique aux Surveillance Studies (A. Colin), Olivier Aïm ouvre l'œilleton sur une tradition de textes qui préexiste à la thèse foucaldienne (Taylor, Weber, James B. Rule), comme sur les relectures et les amendements théoriques qui lui succèdent, et l'horizon immense de recherche qui s’est ouvert depuis une vingtaine d’années : la société de contrôle (G. Deleuze), le paradigme sécuritaire (G. T. Marx ; G. Agamben), la capture (P. E. Agre), la dataveillance (R. Clarke), la vigilance (M. Foessel), la sousveillance (S. Mann), la gouvernementalité algorithmique (T. Berns et A. Rouvroy), le tri panoptique (O. Gandy ; D. Lyon), la société de la transparence (D. Brin ; B. C. Han ; E. Alloa ; etc.) ; la shareveillance (C. Birchall), le capitalisme de surveillance (S. Zuboff), la surveillance sociale (D. Boyd et A. Marwick), la société de l’exposition (B. E. Harcourt), le design de l’obscurité (W. Hartzog), l’obfuscation (F. Brunton et H. Nissenbaum)… L'Atelier de théorie littéraire de Fabula inaugure une nouvelle entrée "Surveillance" avec un extrait de l'ouvrage : "Le tournant "actuariel" de la littérature surveillancielle : Dostoïevki et Zamiatine".
Pacte fictionnel et mondes fictionnels

Dans Fiction, mode d'emploi (P.U. Rennes), dont on peut découvrir sur Fabula l'introduction, Étienne Boillet propose une synthèse des textes de référence sur la fiction et une tentative de les prolonger. En exposant des thèses et des outils conceptuels qui lui sont propres, Étienne Boillet entend contrer les arguments relativistes ou « panfictionnalistes », selon lesquels il n’y aurait pas de différence essentielle entre fiction et non-fiction. Passant de la littérature au cinéma ou de la bande dessinée au jeu vidéo, il s’attache à dégager ce qu’il y a de spécifique et ce qu’il y a de commun entre textes et images, romans et témoignages, biopics et documentaires, fiction et reconstitution. Sous le titre "Pacte fictionnel et mondes fictionnels", l'Atelier de théorie littéraire donne à lire un dialogue affabulé par l'auteur à l'ouverture de son premier chapitre.
Genèse scénaristique et films possibles

Dans En cas de malheur, de Simenon à Autant-Lara (1956-1958), sous-titré Essai de génétique scénaristique, Alain Boillat envisage les différentes variantes conçues par les scénaristes dans une perspective narratologique et d’étude des normes de genre. Ce faisant, il propose une méthodologie favorisant l’application au cinéma de la génétique des textes littéraires, et renouvelle plus largement l’étude du phénomène de l’adaptation. L'entrée "Cinéma" de l'Atelier de théorie littéraire accueille l'une des propositions de l'ouvrage : "Genèse scénaristique et films possibles".
Territoires de la non-fiction

Nul doute que le genre de ce début de XXIe siècle soit le document : écritures de voyage, d’investigation, enquêtes judiciaires ou ethnologiques, autobiographies, factographies, factions, rapports et enregistrements littéraires, et autres formes de récits refusant de se dire fictions occupent nos librairies. Littérature d'information, de témoignage, d’inventaire ou de documentation : ces textes ne se contentent pas de déjouer les critères des classements des bibliothèques et d’intriguer les théoriciens du récit, ils modifient profondément les catégories du littéraire et imposent leur poétique propre. À l'initiative d'Alexandre Gefen, un volume collectif cherche à inventorier les Territoires de la non-fiction. Cartographie d’un genre émergent (Brill/Rodopi). Fabula vous invite à lire l'introduction du volume, dont l'Atelier de théorie littéraire accueille une proposition synthétique.
Des notes et des textes

Vous ne lisez pas les notes en bas de page ? Vous avez tort. Rien de plus passionnant qu’une note infrapaginale, ou marginale ou finale. Souvent c’est la note qui contient l’essentiel : imaginez la note à la place du texte, le texte à la place de la note. Sous le titre Des notes et des textes (Brill Rodopi), un volume réuni par F. Schuerewegen se demande si la littérature ne serait pas le lieu où la frontière entre le texte et les notes devient indécidable, en passant en revue les pratiques d’annotation de Balzac, Chateaubriand, Eliot, Mallarmé, Nabokov, Proust, Rimbaud, Oliver Rolin, et bien d’autres. Fabula donne à lire le texte de présentation du volume. Et l'Atelier de théorie littéraire accueille, à l'entrée Paratexte, une note de Franc Schuerewegen : "Proust en bas de page".
(Source de l'illustration : "Les notes de Proust", par A Herschberg Pierrot, site ITEM)