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Non Plus, n° 12 :

Non Plus, n° 12 : "Rapports et tensions entre littérature et justice"

Publié le par Marc Escola (Source : Vivian Yoshie Martins Morizono)

APPEL À CONTRIBUTIONS revue Non Plus

DOSSIER RAPPORTS ET TENSIONS ENTRE LITTÉRATURE ET JUSTICE

 

Le thème du rapport entre littérature et justice nous invite à une réflexion plurivoque, car les points de contact entre ces deux sujets semblent se multiplier au fur et à mesure qu’on les examine. D’une part, la littérature a souvent été un objet de la justice. Au long de l’histoire, des hommes de lettres ont été persécutés non seulement en raison de leurs « mauvais » comportements ou de leurs forfaits (comme dans le cas de François Villon), mais aussi de leurs luttes contre le pouvoir arbitraire de l´État (pensons par exemple à Jean-Jacques Rousseau, Denis Diderot ou d´Alembert) et de l’impact social, moral et politique de leurs œuvres.

Les livres brûlés en place publique et les investigations policières[1] pendant les XVIIe et XVIIIe siècles sont emblématiques d’une tension qui perdure même après l’ouverture à la liberté d’expression et de presse des siècles suivants ; elle se prolonge par exemple dans la censure et dans la répression dont les œuvres d’écrivains comme Flaubert, Baudelaire, Gide et Bataille ont été objet.

En outre, les auteurs veulent aussi intervenir dans les procès et directions de la justice de leur temps. Voltaire et Condorcet, par exemple, motivés notamment par les idées de Beccaria, se sont impliqués de façon décisive dans plusieurs procès juridiques contre la torture et la peine de mort. Au XIXe siècle, Victor Hugo – dans le sillage du phénomène du « sacre de l’écrivain »[2] qui attribue à la littérature un rôle prépondérant dans la société – prend le relais et entreprend, en tant qu’homme de lettres et homme politique, une série de combats contre la peine capitale (Le Dernier jour d´un condamné, 1829 ; Claude Gueux, 1834) et l’injustice sociale, qui résulte selon lui « des lois et des mœurs » (Les Misérables, 1862). Le cas de Zola fait en quelque sorte écho à celui de Hugo, qui touche la question de la justice à la fois dans le front du débat politique et dans ses créations littéraires. Zola s’est inscrit, notamment lors de l’Affaire Dreyfus, dans une bataille acharnée à travers ses écrits de presse, afin de contribuer à la réhabilitation du capitaine à la suite d’un long et complexe procès. D’autre part, dans des romans comme La Bête Humaine l’auteur exploite littérairement le thème des incohérences des verdicts.

En étant une instance de la vie politique et sociale, la justice peut donc constituer aussi une matière littéraire, évoquant des thèmes et imaginaires qui seront retravaillés par la fiction. Des manifestations de ce type abondent dans l’histoire littéraire, soit à travers toute une littérature plus populaire et médiatique du crime et de la justice (E. Sue, Les Mystères de Paris; P. Féval, Les Habits noirs), soit à travers des œuvres plus philosophiques comme L´Étranger (1942) d’Albert Camus qui aborde le caractère répressif et arbitraire du système pénal.

Convaincus que les chercheurs et étudiants pourront faire émerger encore d’autres exemples et problématiques liés au thème de ce dossier, nous voudrions vous inviter à participer au numéro 12 de la revue Non Plus (Université de São Paulo – Brésil) afin de discuter les liens divers et multiples existant entre littérature et justice dans le domaine de la production littéraire en langue française.

Les textes doivent respecter les normes de style et être soumis jusqu’au 15 juin 2017 au comité d’évaluation à travers la plateforme http://www.revistas.usp.br/nonplus/login. La revue accepte des contributions en portugais et en français. Éditeurs responsables de ce numéro Ana Luiza Reis Bedê et Yuri dos Anjos.