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L’Argot de la musique et des musiciens (Revue Argotica)

L’Argot de la musique et des musiciens (Revue Argotica)

Publié le par Romain Bionda (Source : Laurențiu Bălă)

L’Argot de la musique et des musiciens (Revue en ligne ARGOTICA, No 1(7)/2018)
ISSN : 2343-7200

Chaque art, chaque science possède un vocabulaire qui lui est propre, et la musique n’est pas une exception. Son caractère universel explique même que nombre de ses termes appartiennent à un lexique commun à de nombreuses langues. Si certaines d’entre elles auront été de grandes sources d’emprunts, comme l’allemand, l’italien (10% des italianismes du français proviendrait du lexique de la musique (Margarito 2005)) ou désormais l’anglais, chacune d’elle aura forgé son vocabulaire musical. Partagé par les uns de façon transparente, rendu opaque pour les autres, ce que l’on pourrait nommer argot de la musique et des musiciens – mais que l’on pourrait tout aussi bien appeler jargot (Sourdot 1991), tant est parfois perméable la frontière entre l’argot proprement dit et le technolecte né de la profession de la musique –, a été relativement peu étudié et encore moins enregistré de façon systématique en dehors de Gouget (1892), Bouchaux, Juteau et Roussin (1992) ou Levet (1992 et 2006).

Les pistes de recherche et d’observation de ce domaine lexical particulier sont multiples et de nombreuses approches sont envisageables, souvent à la croisée des disciplines, c’est pourquoi ce numéro d’Argotica s’adresse autant au musicologue, au littéraire, au chercheur en sciences humaines qu’au linguiste s’intéressant à cet objet.

On pourra par exemple, parmi tant d’autres pistes :

- étudier les procédés sémantiques et/ou formels particulièrement productifs dans la création de l’argot de la musique (os à moelle ‘flûte’, grille d’égout ‘dièse’, corbeaux ‘violons’, scier du bois ‘jouer d’un instrument à corde’)

- distinguer, à l’intérieur de l’argot de la musique, des sous-catégories lexicales propres à des domaines musicaux particuliers (sémaphore pour la musique classique, baby-sitting pour le rock’n’roll, section pour le jazz, etc.)

- examiner comment les mots de la musique auront alimenté de nombreuses expressions plus ou moins populaires (battre la breloque, à bâtons rompus) et se seront immiscés dans le vocabulaire d’autres domaines ou spécialités (piano ‘fourneau’, arpèges ‘empreintes digitales’, accorder ses binious, jouer des cymbales ‘coïter bruyamment’)

- étudier la place et le rôle de l’argot de la musique au sein des pratiques langagières, en évaluant par exemple la fonction de l’argot (identitaire, cryptique, etc.) dans le milieu musical, tant au niveau de sa production (professionnels, étudiants, amateurs de musique) qu’au niveau de sa réception (fans, critiques, musicologues). Il serait intéressant de se demander dans quelle mesure l’argot de la musique participe à la construction d’un ethos individuel ou collectif et aide à poser ou dépasser les frontières circonscrivant des sortes de « territoires musicaux » (type de musique, groupe, etc.). Une analyse du rôle de l’argot de la musique dans l’émergence d’une théorie ou d’un courant musical éclairerait aussi utilement l’histoire de la musique et son évolution.

- étudier et analyser dans la littérature française, francophone ou étrangère comment et à quelle fin l’écrivain innerve son texte d’argot de la musique (isotopies et champs lexicaux, posture littéraire, mise en scène ou scénographie du musicien). On étudiera aussi avec profit certains néologismes littéraires, comme les fameux biglemoi et pianocktail de Boris Vian.

 

Bibliographie :

Delaplace, Denis, « Les mots des groupes dans les recueils d’argot », Langage et sociétés, n° 92, 2002, p. 5-24.

Bouchaux, Alain, Madeleine Juteau et Didier Roussin, L’argot des musiciens, Paris, Éditions Climats, 1992.

Colin, Jean-Paul, Jean-Pierre Mével et Christian Leclère, Dictionnaire de l’argot et du français populaire [Dictionnaire de l’argot, 1990], Paris, Larousse, 2010.

Gouget, Émile, L’argot musical : curiosités anecdotiques et philologiques, Paris, Fischbacher, 1892.

Guiraud, Pierre, Dictionnaire érotique, Paris, Payot [1978], 2006.

Levet, Jean-Paul, Talkin’ that talk. Le langage du blues, du jazz et du rap, [rééd. augmentée de Talkin’ that talk. La langue du blues et du jazz, Paris, Hatier, 1992), Paris, Outre mesure, 2006.

Margarito, Mariagrazia, « Les italianismes de la langue française illustrés par l’exemple lexicographique : notes pour une quête identitaire », in Mickaela Heinz (éd.), L’exemple lexicographique dans les dictionnaires français contemporain, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 2005, p. 359-368.

Normand, Philippe, Dictionnaire des mots des flics et des voyous, Paris, Balland, 2010.

Pierron, Agnès, Dictionnaire des mots du sexe, Paris, Balland, 2010.

Schapiro, Nat et Nat Nentoff, Écoutez-moi ça ! (trad. fr. de Hear me talkin’ to ya, [1955]), Paris, Buchet Chastel, 2015 [1956].

Sourdot, Marc, « Argot, jargon, jargot », Langue française, 90, 1991, p. 13-27.

 

Calendrier :


15 mai 2018 : envoi des propositions

30 juin 2018 : évaluation des propositions et notification des auteurs

15 septembre 2018 : envoi des articles

31 octobre 2018 : délai pour l’achèvement des articles ayant eu besoin de modifications

- janvier 2019 : publication en ligne de la revue

 

Consignes pour les propositions :


- Nom et prénom de l’auteur
- Affiliation (université / institution, faculté, département, équipe de recherche, etc.)
- Titre de la proposition
- Résumé (200-250 mots)
- 3-5 mots-clés
- Bibliographie minimale (5 titres)

 

Contacts pour l’envoi des propositions :

 

Hugues GalliResponsable du numéro (pour les propositions en français) : 
huguesgalli@gmail.com

 

Laurenţiu Bălă (pour les propositions en roumainitalien, espagnol et anglais) :

lbala@central.ucv.ro

 

Page web de la revue : http://cis01.central.ucv.ro/litere/argotica/Argotica_Fr.html