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Atlante n°10,

Atlante n°10, "Représenter l’histoire dans la littérature et les arts" (Lille 3)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Michele Carini)

Atlante n°10, "Représenter l’histoire dans la littérature et les arts" 

 

Organisé par le Centre d’Études en Civilisations, Langues et Littératures Étrangères (CECILLE - EA 4074) – Université Lille 3 – Sciences Humaines et Sociales

Coordination du numéro : Jean-Philippe Bareil et Michele Carini

 

PRESENTATION

"Sans vivre ni ressentir le rapport au présent, représenter l’histoire est impossible." G. Lukács, Le roman historique

Dans la Lettre à M. Chauvet, publiée en 1823, Alessandro Manzoni justifie les choix littéraires qui l’ont guidé dans la rédaction du drame historique Le comte de Carmagnole. Dépassant les contraintes des règles des unités aristotéliciennes , il développe une ample réflexion esthétique qui le conduira à l’idéation et à la rédaction de son roman historique Les Fiancés (1821-40). Si la vie intérieure de l’individu protagoniste d’événements historiques est «passé[e] sous silence par l’histoire» et constitue le «domaine de la poésie», l’écrivain ne doit pas contredire la «vérité matérielle» des faits parce qu’elle dévoile «au plus haut degré le caractère de vérité poétique que l’on cherche dans la tragédie» (Lettre).

Dans ses tragédies, en effet, Manzoni offre au lecteur des outils paratextuels qui lui permettent de situer les événements dans le contexte historique ainsi que d’apprécier la marge d’intervention de l’auteur. Dans Les Fiancés la nécessité de fonder la vraisemblance historique du discours romanesque – où l’on retrouve des personnages réels et fictifs – est confiée, par exemple, à des digressions intégrées dans le texte.

Partant de la réflexion et l’œuvre manzoniennes, ce numéro d’Atlante souhaite revenir sur des notions fondamentales de la théorie littéraire et esthétique : dans quelle mesure un sujet historique peut-il être objet d’une narration ? La représentation de l’histoire est-elle plus objective que la narration ? Peut-on mélanger ces deux niveaux du discours ? L’objectivité du discours représentant l’histoire est-elle possible ? Est-elle souhaitable ?

À travers une vérification de la persistante pertinence d’oppositions comme Histoire/histoire ou historien/narrateur, nous voulons aussi réfléchir sur la place du lecteur et du public dans ce processus : ont-ils un rôle actif dans l’interprétation du fait historique ? Quelle est la responsabilité de l’auteur envers eux ?

Dans Le roman historique (1938), Lukács explique comment, après la Révolution française, le rapport avec l’histoire devient plastique : à côté du roman historique classique (Walter Scott, Manzoni) existe un roman historique contemporain (Balzac, Tolstoï) qui veut analyser le fonctionnement de l’histoire.

On peut donc retrouver dans la littérature et dans les arts un rapport strict avec les sciences sociales et notamment avec l’historiographie : cela implique qu’on s’interroge sur les revendications de la valeur épistémologique de la perspective artistique. Peut-on encore affirmer aujourd’hui que « la littérature semble être le seul système cohérent de signes par lequel l’histoire peut être saisie comme réalité matérielle » (Enzensberger 1966) ?

Récemment l’historien Ivan Jablonka a publié, sous le titre L’histoire est une littérature contemporaine (2014), un Manifeste pour les sciences sociales qui problématise et développe cette suggestion : la médiation de la création littéraire est donc censée produire un savoir historique.

Mais un acte de représentation, dans le domaine artistique, implique – voire sollicite – une auctorialité : comment thématise-t-on l’histoire ? L’histoire comme progrès ou comme résultat des rapports de force ? Peut-on représenter l’absence de rationalité dans le devenir historique ? Peut-on représenter après les horreurs de l’histoire ?

Au XXème siècle le roman peut devenir anti-historique, mais néoréaliste aussi, parce que dans les moments de crises, l’histoire peut être considérée comme un espace possible de réalisation humaine : représenter l’histoire, donc, comme forme de résistance à l’Histoire, ou représenter l’histoire pour représenter une autre histoire – celle des minorités ou des persécutés ou encore de ceux qui n’ont pas la parole.

À côté, par ailleurs, de ce type de production artistique, l’histoire peut être tout simplement un dispositif exotique permettant à l’auteur d’évoquer un passé qui séduise le public sans le pousser véritablement à une pensée critique autour de cette notion.

 

CONTRIBUTIONS

Ce numéro d’Atlante accueillera des articles se proposant d’aborder ces notions dans cette perspective ou offrant de nouvelles approches, ainsi que des analyses spécifiques d’ouvrages littéraires et artistiques dans le domaine des cultures romanes.

Les propositions (en espagnol, français, italien ou portugais), d’environ 2000 signes (espaces compris), sont à envoyer avant le 1er mars 2018 à l’adresse suivante : atlante.histoire@gmail.com. Les coordinateurs du numéro communiqueront leur réponse fin mars et les articles, qui feront objet d’une double relecture à l’aveugle, seront à rendre avant le 15 mai 2018.

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