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Rébellion, résistance et réparation dans les Amériques (Martinique)

Rébellion, résistance et réparation dans les Amériques (Martinique)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Alexandra ROCH)

« Tant que les lions n’auront pas leurs historiens,

Les histoires de chasse continueront à glorifier le chasseur »

Proverbe africain

 

Proposition :

Si l’histoire de la colonisation des Amériques reconnaît aujourd’hui le tort qu’un tel événement historique a pu constituer pour les peuples qui en ont été victimes, de ceux d’Afrique à ceux des Amériques et au-delà, c’est la perspective des victimes que semble privilégier la réflexion qui porte désormais sur une telle page de l’histoire moderne. Le séminaire proposé ici souscrit à cette perspective, qui voudrait ainsi que l’histoire de l’esclavage se caractérise par des rapports sociaux qui se fonderaient sur le paradigme de la résistance.

Résister, dans les espaces anciennement colonisés, requiert tout un art, toute une stratégie, car, nous rappelle-t-on, « c’est être capable de disparaître à tout moment pour refaire surface et attaquer là où on ne vous attend pas ; savoir se fondre dans les milieux naturels les plus divers et mettre à profit leurs accidents » (Bona 42). Dans le contexte des Amériques, rebellions et résistances mettent ainsi en exergue le combat quotidien des déportés d’Afrique dans le nouveau monde. À ce propos, V.S. Naipaul revient, dans La Traversée du milieu, sur l’insoumission, la désobéissance de ceux qui ont été mis en esclavage, mais aussi sur le contre-pouvoir qu’ils génèrent en ce faisant.

      Les Antillais éprouvent de la crainte et de la honte pour leur passé. Ils ont entendu parler de Christophe et de    Louverture en Haïti et des marrons de la Jamaïque ; mais ils pensent qu’ailleurs l’esclavage était une                 condition établie, acceptée passivement pendent plus de deux siècles. Peu de gens savent qu’au XVIIIe siècle les révoltes d’esclaves aux Caraïbes étaient aussi fréquentes et violentes que les ouragans, et que beaucoup        ne furent vaincus que grâce à la trahison d’esclaves « fidèles ». (213)

Dans cet espace de domination, l’esclave a su mettre en place des actions de résistance et de création qui se manifestent entre autres par les formes de marronnages pour montrer son refus de la servitude qui passe essentiellement par « des postures, des techniques corporelles » où « le corps est le premier théâtre d’opération, la première position à libérer, le premier droit à restaurer » (Bona32). Quelles sont les différentes formes de rébellions et de résistances durant la période esclavagiste ? et Quels impacts ces insoumissions ont-elles sur les sociétés postcoloniales ? Quelles influences l’indocilité de l’esclave ont-elle encore aujourd’hui sur nos sociétés ?

Par ailleurs, cette rébellion et cette résistance illustrent encore aujourd’hui les relations qu’entretiennent les chercheurs caribéens, la CARICOM ainsi que les mouvements caribéens et panafricains pour les réparations face aux anciennes puissances coloniales. Dans la Caraïbe, la question de la réparation liée à l’esclavage et au génocide des Amérindiens est une préoccupation première des Afro-descendants. Le début de la décennie 2010 est ainsi marqué par un nombre croissant de manifestations, d’actions, de colloques de la CARICOM qui dénoncent la déshumanisation, la désocialisation, la dépersonnalisation de ces peuples qui demeurent victimes de la période esclavagiste tout comme de la période coloniale voire post-coloniale aujourd’hui. Comment se manifeste la question de la réparation dans les Amériques ? Intervient-elle seulement du côté des anciennes puissances coloniales ? La réparation financière serait-elle suffisante, par exemple, pour répondre à la violence inhumaine subie par les Amériendiens et les déportés de leur terre-mère, l’Afrique ?

C’est ainsi que ce séminaire, qui se déroulera le jeudi 11 et le vendredi 12 Avril 2019,  se veut pluridisciplinaire et a pour  objectif d’interroger le paradigme de la résistance, de la rébellion et de la réparation dans les Amériques à travers la littérature, les arts, la musique, l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, l’économie, l’histoire politique.

 

Communications :

Les  présentations  peuvent  prendre  la  forme  de  communications  ou  d’ateliers,  et  aborder la problématique du point de vue de sa théorisation ou de son explicitation à partir de cas concrets. Les communications seront d’une durée de 20 minutes et seront suivies d’une période de questions. Les ateliers seront d’une durée de 60 minutes. Faites parvenir d’ici le 15 janvier 2019 un titre et un descriptif d’environ 300 mots, accompagnés d’une note biographique d’environ 50 mots par mail à Alexandra Roch alexandraroch@yahoo.fr.

La participation au séminaire peut se faire par vidéoconférence (via Skype), et il est prévu une publication des actes du séminaire après  sélection des meilleures communications

 

Invitation : 

 Nous  invitons  à  ce séminaire les  chercheur‐e‐s,  les  professeur‐e‐s,  les  étudiant‐e‐s universitaires ainsi que le grand public qui s’intéressent aux formes de rebellions, résistances et aux questions de la réparation dans l’espace américain.

 

Comité d’organisation :

Alexandra ROCH (Dr. Université des Antilles, Martinique)

Clarissa Charles-Charlery (Dr. Université des Antilles, Martinique)

Céline Théodose (Dr. Université d’Edimbourgh, Ecosse)

 

Comité scientifique :

Jean-Georges Chali (PU, Université des Antilles, Martinique)

Patricia Donatien (PU, Université des Antilles, Martinique)

Laté Lawson-Hellu (Associate Professor, Western University, Canada)

Rodolphe Solbiac (MCF, Université des Antilles, Martinique)

Alexandra Roch (Dr. Université des Antilles, Martin