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​Que nous disent les best-sellers ? (colloque de Cerisy)

​Que nous disent les best-sellers ? (colloque de Cerisy)

Publié le par Alexandre Gefen

Appel à contribution

Que nous disent les best-sellers ?

Colloque de Cerisy — du 21 au 28 juillet 2018

Sous la direction d’Olivier Bessard-Banquy, Sylvie Ducas et Alexandre Gefen

Rien n’est plus mystérieux qu’un best-seller. Car si certains semblent fabriqués à partir de recettes qui ne peuvent mener qu’au succès, combien d’autres livres issus du même moule passent complètement inaperçus tandis que des ouvrages parfois difficiles reçoivent un succès inattendus ? Quel point commun peut-on trouver au Capital, à Charles Dickens ou Harry Potter en passant par Le Petit Prince, Belle du seigneur, sans oublier Pigault-Lebrun ou Maurice Dekobra ? Y a-t-il des raisons objectives permettant de comprendre que ces livres aient rencontré le succès ? Et comment passer d’un succès modeste au livre qui met le feu en librairie ? Y a-t-il eu des artisans qui ont su être des faiseurs de rois des têtes de gondoles ? Quelle part revient à l’auteur dans cette réussite ? Et à l’éditeur ? Et à l’air du temps ?

Au-delà d’une simple recension des livres qui se sont très bien vendus depuis le XIXe siècle, que nous disent les best-sellers sur la littérature, sa définition, ses valeurs ? Est-ce une catégorie historique dont on peut relater l’invention ? Peut-on, comme le propose un ouvrage récent de Jodie Archer et Matthew L. Jockers, en décrypter les règles ? Nous racontent-ils une histoire d’un horizon de réception, celui du « grand public », voire une histoire de la lecture ? Peut-on de Walter Scott ou Balzac aux Fifty Shades of Grey bâtir une histoire des lectures, une histoire de la culture commune au plus grand nombre, bâtie, assise sur les best-sellers ? Sont-ils forcément mauvais ?

 

Autour de ces questions, et dans la prolongement du numéro spécial de la revue Fixxion sur les mêmes sujets, pour intervenir et en discuter, se retrouveront à l’été 2018 gens du livre, analystes littéraires, historiens, sociologues, etc. Quelques questions importantes sont à traiter en priorité :

1. Qu’est-ce qu’un best-seller ? Au-delà de combien d’exemplaires un succès devient-il un best-seller ? D’où vient le terme ? Quand la chose a-t-elle été inventée ? Peut-on dire de La Bible et d’Amadis de Gaule qu’ils ont été des best-sellers ? La courbe des ventes des best-sellers n’a-t-elle fait que croître depuis les débuts de l’édition industrielle ?

2. Après la Seconde Guerre, est-ce le temps des impérialismes ? Le best-seller, comme son nom l’indique, est-il de plus en plus d’origine anglo-saxonne ? Dernière période de grand triomphe du livre avant que l’audiovisuel ne devienne dominant, les Trente Glorieuses sont-elles le moment de règne des francs succès comme Papillon ? Les méthodes de lancement des livres ont-elles changé ? Ou bien les best-sellers sont-ils eux-mêmes dépassés par leurs propres succès imprévisibles ?

3. L’époque postmoderne est-elle celle des méga-best-sellers mondiaux comme les Fifty Shades of Grey ? L’évolution inéluctable du livre donne-t-elle de plus en plus de titres confidentiels noyés sous le triomphe d’un ou deux gros vendeurs de livres ? Le rythme effréné des livres en boutiques, l’offre pléthorique qui terrifie les lecteurs incapables de se décider ou de choisir favorisent-ils le succès annoncé des livres dont tout le monde parle ?

4. Le succès est-il forcément public ? Le livre pour tous repose-t-il mécaniquement sur le moins disant culturel ? En d’autres termes, le livre pointu qui rencontre les faveurs du public ne le peut-il qu’à la faveur d’un malentendu, voire d’une erreur ? Le best-seller est-il l’envers ou le contraire de la grande littérature ?

5. Quid justement des best-sellers de la grande littérature ? Des chefs-d’œuvre du panthéon mondial quels sont ceux qui ont connu d’entrée de jeu de francs succès et qui ont combiné réussite sur le plan de l’écriture et de la vente ?

6. Quid des blockbusters d’aujourd’hui ? Que doivent-ils aux logiques transmédiatiques au cœur des industries culturelles ?

7. Le rôle de la prescription et de la médiation (et ses nouveaux espaces numériques) dans la mise sur orbite des best-sellers.

8. Le best-seller est-il toujours une fable narrative, un roman, et dans quel(s) genre(s) prospère-t-il (sentimental, policier…) ?

 

D’autres propositions peuvent être formulées pour autant qu’elles rejoignent l’ensemble des grandes questions soulevées et ne soient pas équivalentes à des propositions d’analyse de détail de peu de portée ni à des approches monographiques. Les propositions, d’environ 500 mots, doivent être adressées aux organisateurs avant le 28 février 2017, assorties d’une présentation du contributeur potentiel. Les réponses seront adressées le 31 mars 2017.

 

Olivier Bessard-Banquy, olivier.bessard-banquy@u-bordeaux-montaigne.fr

Sylvie Ducas, sylvie.ducas@u-paris10.fr

Alexandre Gefen, gefen@fabula.org