Actualité
Appels à contributions
Michelangelo Antonioni, et après ? La postérité de Michelangelo Antonioni dix ans après sa disparition 2007-2017 (Paris 8)

Michelangelo Antonioni, et après ? La postérité de Michelangelo Antonioni dix ans après sa disparition 2007-2017 (Paris 8)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Véronique Buyer)

(english version below)

"Un film avec un début mais peut-être sans fin. Je me suis souvent demandé s’il fallait toujours donner une fin aux histoires, qu’elles soient littéraires, théâtrales ou cinématographiques. Fermée sur elle-même une histoire risque de mourir si on ne donne pas une autre dimension, si on ne laisse pas son temps propre se prolonger dans le temps extérieur, là où nous sommes, nous les protagonistes de toutes les histoires. Où rien n’a de fin."

Michelangelo Antonioni

 

Michelangelo Antonioni, et après ? La postérité de Michelangelo Antonioni dix ans après sa disparition 2007-2017

Université Paris 8 à Saint-Denis

21 et 22 septembre 2017

À l'occasion des dix ans de la mort de Michelangelo Antonioni (le 30 juillet 2017), ce colloque se propose d'interroger la postérité du cinéaste. Une décennie après sa disparition et treize ans après son dernier film (Le Périlleux Enchaînement des choses), comment Antonioni est-il encore présent dans la création artistique et dans la réflexion critique, théorique et universitaire aujourd'hui ?

Avec la mort de son auteur, cette œuvre globale que l’on estime aujourd’hui « complète », « close », devient un objet fini, manipulable à l’envi sans « risque » qu’un nouveau projet ne vienne bousculer le choix de compréhension et d’appréhension opéré. La clôture de l’œuvre relance le grand jeu du classement, de l’interprétation et de la justification de la notion d’auteur. Comment l’œuvre résiste-t-elle à une fixité imposée par la mort de ce cinéaste du frémissement, de la métamorphose, des glissements et des lignes de fuite ? Le souhait d'Antonioni de réaliser des films « avec un début mais peut-être sans fin » peut-il s'appliquer à sa propre œuvre complète à laquelle sa mort apporte, en apparence, une fin ?

Des bribes de réponses émergent sans doute des nombreux artistes contemporains qui revendiquent le travail de Michelangelo Antonioni comme source d’inspiration parfois particulièrement directe (distorted eclisse ǀ model for a video sculpture [after m. antonioni], Peter Welz, installation, 2011 ; Postscript/Profession reporter, Pierre Bismuth, 1996) ou plus implicite (l’œuvre photographique de Lewis Baltz, par exemple), prolongeant alors l’œuvre au-delà de son auteur mais surtout en dehors de l’art cinématographique. Cette réappropriation libre des films comme objets malléables questionne la construction de ce que l’on nomme – faute peut-être de terme plus spécifique – la postérité de Michelangelo Antonioni. Qui dessine la postérité d'un artiste ? Que retenir d'une œuvre et d'un artiste (premier distinguo) pour déceler dans d’autres œuvres cette postérité ? L'auteur doit-il se revendiquer de cet artiste ? L’œuvre d'Antonioni, ses propositions esthétiques et théoriques sont-elles, comme le note Jacques Aumont, un passage nécessaire, un apprentissage de l’œil du spectateur et du théoricien d'aujourd'hui qui peuvent alors « voir Hou Hsiao-hsien, ou même Tsai Ming-liang » ? Comment les œuvres récentes, cinématographiques ou non, permettent-elles à leur tour de renouveler le regard posé sur la création de Michelangelo Antonioni ? La reprise – en termes restant à définir – de l’œuvre d’Antonioni lui permet-elle de conserver le souffle, la vibration, l’incertitude qui étaient intrinsèquement les siennes du vivant de son auteur ?

Ce colloque souhaite opérer un décalage sur cette œuvre trop souvent figée dans une analyse univoque et consensuelle en invitant par exemple des regards nouveaux (théoriciens du cinéma ou des autres arts, mais aussi historiens, écrivains, artistes…) à se poser sur un matériau peu exploité d’une œuvre pourtant très analysée : scènes laissées de côté, écrits (critiques et nouvelles), tableaux.

À l’encontre peut-être de thèses telles que l’incommunicabilité répétées machinalement depuis les années soixante, ne faut-il pas proposer d’autres moyens d’entrer dans l’œuvre, d’autres thèmes ? Qu’en est-il de la violence que Raymond Bellour soupçonne dans les films du cinéaste ? Où se cache l’érotisme explicite des derniers films dans les premières œuvres ? L’esthétisme léché de certaines images devenues représentatives de l’œuvre n’est-il pas mis à mal par une forme de vulgarité criarde de certains plans d’Identification d’une femme ? Quel rapport Antonioni, trop rapidement étiqueté « cinéaste de la bourgeoisie », entretient-il avec la culture populaire ?

Modalités de soumission

Les propositions de communications, rédigées en français ou en anglais, prennent la forme d’un résumé (300 mots maximum) accompagné d’une rapide notice bio-bibliographique de l’auteur. Elles sont à envoyer à veronique.buyer@gmail.com jusqu’au 31 mai 2017.

 

Comité de sélection des propositions

  • Dork Zabunyan, professeur en études cinématographiques, directeur du laboratoire ESTCA, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis.
  • Nicolas Droin, maître de conférences en études cinématographiques, laboratoire ESTCA, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis.
  • Véronique Buyer, docteure en études cinématographiques, laboratoire ESTCA, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis.
  • Damien Angelloz-Nicoud, doctorant en études cinématographiques, laboratoire ESTCA, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis.

*

English version

For the tenth anniversary of Michelangelo Antonioni's death (July 30th, 2017), this symposium suggests questioning the posterity of the filmmaker. A decade after his passing and thirteen years after his last movie (The Dangerous Thread of Things), how is Antonioni still present in the artistic creation and in critical, theoretical and academic reflection?

With the death of its author, his entire life’s work is "complete", "closed". It becomes a finished product that can be manipulated at will without any "risk" that a new project will come along to force a change in understanding or apprehension. The conclusion of the work triggers the great game of classification, interpretation and justification of the notion of authorship. How does his work resist the fixation imposed by the death of this filmmaker of quiver, metamorphosis, slippage and vanishing points? Can Antonioni’s wish to make movies "with a beginning but maybe without any end" apply to his own complete work to which his death brings, seemingly, an end?

Fragments of answers emerge from numerous contemporary artists who claim the work of Michelangelo Antonioni as a source of inspiration, sometimes in a particularly direct manner (distorted eclisse ǀ model for a video sculpture [after m. antonioni], Peter Welz, installation, 2011; Postscript/Profession reporter, Pierre Bismuth, 1996) or more implicitly (the photographic work of Lewis Baltz, for example). They extend the work beyond its author but especially outside the art of cinema. This free reappropriation of movies as moldable objects questions the construction of what we name – maybe for lack of a more specific term - the posterity of Michelangelo Antonioni. Who constructs the posterity of an artist? What do we choose from an entire art work and from an artist (first fine distinction) to find his posterity in other works? Does the author have to claim to be associated with this artist? Is the work of Antonioni, his esthetic and theoretical proposals, as Jacques Aumont writes, a necessary passage, a form of training for the eye of the spectator and the theorist of today who can now "see Hou Hsiao-hsien, or even Tsai Ming-liang"? How do the recent works renew the perspective on Michelangelo Antonioni’s creation? Does the reconsideration of the art of Antonioni – in terms we need to define – allow it to keep its inherent vibration and uncertainty?

This symposium seeks to instigate a shift of thinking on this work too often fixed in an unambiguous and consensual analysis by inviting new perspectives (from theorists of the cinema or the other arts, but also historians, writers, artists) to explore underused material in a work nevertheless very analyzed: discarded scenes, writings (film reviews and short stories), paintings.

Against themes repeated mechanically since the sixties such as the incommunicability, don’t we need to propose other ways to enter the work, other themes? What about the violence that Raymond Bellour suspects in the movies of the filmmaker? Where in the first movies hides the explicit eroticism of the last ones? What about the vulgarity found in Identification of a Woman? Antonioni is too quickly labelled "filmmaker of the bourgeoisie": what is his relationship to popular culture?

Submission guidelines

The submissions, in French or in English, will be a summary (max. 300 words) and a small bio-bibliographical note of the author. They should be sent to veronique.buyer@gmail.com until May 31th, 2017.