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Appels à contributions
Les enjeux de l’écriture mystique

Les enjeux de l’écriture mystique

Publié le par Université de Lausanne (Source : Nejmeddine KHALFALLAH et Abdelaziz EL ALOUI.)

Les enjeux de l ’écriture mystique.

Appel à contribution portant sur le thème «des rapports entre mystique et écriture».

Tous les chercheurs et doctorants sont priés de bien vouloir partager leurs réflexions sur cette thématique.

La conceptualisation de l’expérience mystique constitue une difficulté méthodologique. S’agissant d’un état, ḥāl, qui échappe à la définition, le langage peine parfois à le représenter, et « ce n’est jamais que par le témoignage, oral ou écrit, du sujet qui expérimente qu’une réalité mystique peut être connue » (L. Gardet, La mystique, p. 5, 1970). Relevant plutôt d’une « apophase vécue », « l’intériorité mystique se nourrit de silence. Elle n’est pas une descente analytique ou dialectique dans la subjectivité. Son point de départ suppose le silence de toutes recherches réflexives ». D’ailleurs, le soufi ne décrit son expérience que quand elle est finie, quand il revient à son état de conscience « habituelle », régi par le rationnel et le physique. Il s’efforce alors de se remémorer les dimensions de cette expérience. Cependant, au sein même de l’expérience, il n’y a pas de place pour la moindre ré- flexion. (N. Ḥusayn Ğawda, al-Maʿrifa aṣ-ṣūfiyya [Le savoir mystique], pp. 170-188, 1992,). C’est dans des circonstances de remémoration et dans un état de réflexion retrouvé que l’écriture mystique intervient. La souffrance à retrouver les traces du vécu mystique est considérée par le soufi comme un signe de sincérité et de profondeur. (A. al-Suhrawardī, ʿAwārif al-maʿārif [les savoirs ultimes], p. 526,1966,). Exprimer cette expérience est « une échappée de la subjectivité et de l’intériorité vers « les autres ». Après le retour de soufi de son voyage, son intériorité prend alors des formes diverses d’expression et emprunte « le langage des autres ». (S. al-Ḥakīm, al-Muʿğam al-ṣūfī [dictionnaire mystique],p. 14, 1981). L’écriture mystique n’échappe pas donc à ce « langage des autres » et aux normes d’écriture déjà établies ; et elle ne sort pas de nulle part. Elle est le fruit de la rencontre entre le monde intérieur du soi et les codes d’expression stabilisés chez un public précis et dans un moment historique bien déterminé. Certes, une littérature ne reflète pas directement l’histoire de l’auteur. (Ḥ. al-Wād, Madḫal ilā šiʿral-Mutanabbī [Introduction à la poésie d’al-Mutanabbī], p. 72-73, 1991. Dans l’évaluation de la production littéraire mystique, il est important de distinguer l’expérience vécue de son illustration langagière qui révèle, à travers les moyens expressifs de chaque époque, un état mystique insaisissable.

Plusieurs interrogations se posent autour de cette intersection entre littérature et soufisme. Nous avons pu en évoquer quelques ’unes lors de la journée d’études, organisée par les deux Départements d’études arabes de l’université de Lorraine, Nancy et de Paris VIII (15 mars 2017) autour du thème : « L’innovation de l’âme, les enjeux d’une écriture mystique difficile ». La publication que nous préparerons n’est pas simplement un ensemble d’actes de colloque, mais espère être un ouvrage de référence qui ouvrira la thématique sur deux niveaux essentiels:

a) horizontal : en abordant une diversité de thèmes et de disciplines autour de la littérature soufie (poé- sie, récit, et même en dehors du champ littéraire comme le lexique soufi, l’exégèse et la jurisprudence, etc.),

b) vertical : concernant toute l’histoire de cette littérature classique et moderne.

Nous serons également ouverts à des propositions traitant d’autres expériences mystiques « non musulmanes » (judéo-chrétiennes, indienne, cabalistique…), afin de comprendre toutes les dimensions de l’écriture soufie dans un cadre ésotérique plus large.

 *https://www.univ-paris8.fr/L-innovation-de-l-ame-les-enjeux-d-une-ecriture-mystique-difficile.

Délais:

■ Soumission de proposition : 31 octobre 2018.

■ Notification aux auteurs: 30 novembre 2019.

■ Soumission de l’article fini : 07 janvier 2019. Nous acceptons les textes en anglais et en français.

Les autres langues devront livrer un texte déjà traduit dans l’une de ces deux langues.

Les auteurs doivent respecter le système ARABICA de transcription.

Comité scientifique

■ Sobhi Boustani (INALCO)

■ Nejmeddine Khalfallah (Université de Lorraine, Nancy)

■ Clément Onimus (Paris 8) ■ Camille Lefebvre (CNRS)

■ Mehdi Birriah (Paris I)

■ Abdelaziz El-Aloui (Paris 8)

Veuillez envoyer avant le 31 octobre 2018, un résumé (10 lignes) avec une courte biographie à:

Abdelaziz El-Alaoui: aziz.elaloui95@gmail.com et Nejmeddine Khalafallah: nejmid@gmail.com