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Le costume sur un plateau (Paris 3)

Le costume sur un plateau (Paris 3)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Myriam Fouillet - Université Paris 3)

Appel à communications

Date limite : 30 novembre 2018

Colloque de l'UFR Arts & Médias

LE COSTUME SUR UN PLATEAU

12 et 13 mars 2019

Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle

4 rue des Irlandais, 75005 Paris

Salle Athéna

Colloque organisé avec le soutien de la Cinémathèque française

et de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé.

 

Organisation :

Muriel Delamotte (Paris 3, IRET)

Myriam Fouillet (Paris 3, IRCAV)

Kira Kitsopanidou (Paris 3, IRCAV)

Catherine Treilhou-Balaudé (Paris 3, IRET)

 

Après des analyses séparées, d’une part dans le domaine des arts de la scène et d’autre part dans le domaine des arts de l’écran, pour la première fois, ce colloque propose d’étudier le costume de manière transversale en invitant professionnels et chercheurs à réfléchir conjointement à son usage dans les domaines du théâtre, de l’opéra, de la comédie musicale, de la danse, du cinéma, du téléfilm ou encore des séries, en prenant en compte tous les arrangements du corps : vêtements, accessoires, masques, coiffure et maquillage. Tout en mettant en évidence les caractéristiques de création propres à la nature de chaque forme d’expression artistique, ces deux journées permettront également d’opérer un rapprochement entre les différents arts afin de mettre en exergue les nombreuses similitudes dans la manière de penser le costume.

Le costume, indispensable aux arts du spectacle, est un riche objet de questionnements encore peu abordé dans la recherche scientifique en France. On peut s’interroger par exemple sur son processus de conception, ses méthodes de fabrication, son adaptation au corps des interprètes, sa place comme élément constitutif de la mise en scène, sa réception, son devenir après le spectacle, son évolution historique, ses disparités géographiques. Dans la continuité des études sociologiques consacrées aux métiers artistiques (Becker, Freidson, Moulin, Menger, Heinich, etc.), il est aussi intéressant de se pencher sur les divers professionnels du costume : leurs formations, leurs compétences spécifiques et distinctes, leurs carrières, leurs styles personnels, les interactions entre eux et avec les autres techniciens, leur dépendance aux intentions d’autres artistes, la reconnaissance symbolique ou professionnelle, leur visibilité médiatique ou encore leur adaptation aux mutations technologiques.

C’est ainsi qu’en 1955, Roland Barthes écrit dans la revue Théâtre populaire, un article qui fait toujours référence, « Les maladies du costume de théâtre », dans lequel il déplore les excès des costumes de son époque (trop attachés à l’histoire, à la richesse et à l’esthétisme) et soutient un costume « argument » à la fonction intellectuelle exprimant le sens de l’œuvre. En Angleterre, Janet Arnold, conservatrice et créatrice de costumes pour le théâtre, s'est interrogée, dès les années 1960, sur la reconstitution de vêtements historiques dans la série d'ouvrages Patterns of Fashion. Un intérêt scientifique récent pour le costume de scène se confirme dans des travaux portant sur leur histoire, notamment sous l’Ancien Régime et après la Révolution (Philippe Bourdin, Françoise Le Borgne, Jérôme de la Gorce, Anne Verdier) mais aussi dans des catalogues d’expositions traitant des professions ou développant des approches institutionnelles, esthétiques et artistiques ou patrimoniales (voir L’Art du costume à la Comédie-Française, 2011). Des travaux en sociologie et anthropologie des pratiques costumières émergent depuis les années 2000 (voir Sylvie Perault, Gaëlle Viémont). Les critiques de Roland Barthes font écho au premier chapitre d’En habillant les vedettes de Georges Annenkov (1951), dans lequel l’artiste russe défend l’expertise des costumiers de cinéma et critique les paradoxes de certaines pratiques. Même si, dès les années 1940, dans la presse spécialisée française, s'esquissait une réflexion sur ce sujet avec L'art du costume dans le film de Jacques Manuel, le costume de cinéma est rarement étudié pour lui-même (voir le numéro 144 de la revue CinémAction, dirigé par Christian Viviani en 2012) mais ponctuellement pris en compte dans des analyses esthétiques, en particulier celles s’intéressant principalement aux œuvres aux intrigues historiques. Or, les recherches sur le costume au cinéma se sont considérablement développées dans les pays anglo-saxons. Aux Etats-Unis, par exemple, Deborah Nadoolman Landis, créatrice et enseignante à UCLA, a publié de nombreux ouvrages sur les costumes du cinéma hollywoodien, adoptant notamment une approche historique (voir Dressed : A Century of Holllywood Costume Design).

Depuis quelques années, le costume bénéficie d’un intérêt spécifique et grandissant. Des expositions dans des musées tels que le Centre national du costume de scène et de la scénographie à Moulins, inauguré en 2006, ou la Cinémathèque française valorisent les pièces conservées auprès d’un large public et occasionnent la publication de catalogues documentés. Les enseignements et travaux d’étudiants et chercheurs émergent, questionnant souvent les rapports entretenus avec le monde de la mode ou la notion de vérité historique, comme ceux d’Isabelle Paresys sur la représentation de la Renaissance au cinéma (2017). De plus, de nouveaux réseaux nationaux et internationaux se développent, à l’image du groupe « Fashion, Costume and Visual Cultures », né en 2018.

Le costume mobilise des savoir-faire spécifiques, à plusieurs étapes de la préparation et de la création d’œuvres collectives. Ce colloque a pour objectif de mettre en lumière le rôle essentiel de tout un pan des métiers des arts du spectacle : les professionnels du costume. Il se focalisera ainsi sur l’objet costume, résultat de leur travail. Ce type d’approche connait un intérêt croissant en France et permettra de faire dialoguer des chercheurs de domaines variés.

Nous nous intéresserons particulièrement :

- à la conception et la réalisation des costumes dans les arts du spectacle : les étapes des processus créatifs, les décisions esthétiques, les matériaux, la prise en compte des contraintes environnementales, les techniques préparatoires et textiles ou encore le choix de pièces en location ou de « récupération » ;

- au « réseau de coopération », comme le désigne Howard S. Becker dans Les Mondes de l’art (1988), et aux questions qui l’entourent : les interactions et les limites entre les différents métiers du costume et avec ceux de l’habillement, le statut du costume et des pratiques costumières dans les différents arts du spectacle, la question de la valeur sociale et artistique des objets et des agents du costume, les nouveaux métiers nés de l’évolution des pratiques et des enjeux socio-économiques ;

- aux enjeux de la patrimonialisation et de la valorisation du costume : la conservation, la restauration, le mannequinage, l’exposition, la scénographie, le discours muséal et sa perception par le public.

Ces thématiques non-exhaustives et non-restrictives pourront être analysées avec des angles dramaturgiques, sémiologiques, esthétiques, techniques, historiques, sociologiques, juridiques ou encore économiques.

*

Les communications en français ou en anglais ne dépasseront pas vingt minutes pour les docteurs et doctorants et quinze minutes pour les étudiants en deuxième année de master, et pourront faire l’objet d’une publication. Appuyées par des exemples visuels, les propositions devront s’employer à cerner une problématique précise. Il est possible de proposer un panel déjà constitué (incluant éventuellement des professionnels) pour une prise de parole d’une heure (le comité se réservant d’accepter une ou plusieurs propositions séparées).

Les propositions (titre + résumé = 3000 signes maximum, espaces compris), accompagnées d’une courte présentation de l’auteur (5 lignes maximum) devront être envoyées pour le 30 novembre 2018 à :

- myriam.fouillet@sorbonne-nouvelle.fr 

- kira.kitsopanidou@sorbonne-nouvelle.fr

- muriel.delamotte@sorbonne-nouvelle.fr

- catherine.treilhou@sorbonne-nouvelle.fr

Retour des expertises le 14 décembre 2018.

 

 

Bibliographie indicative :

ANNENKOV Georges, En habillant les vedettes, Marin, Paris, 1951, 340 p.

DELPIERRE Madeleine, FLEURY Marianne de, LEBRUN Dominique, L'élégance française au cinéma, musée de la mode et du costume, palais Galliera, Paris Musées / Société de l'Histoire du Costume, Paris, 1988, 271 p.

DOUMERGUE Didier, VERDIER Anne (sous la dir. de), Le costume, objet de recherche, Lampsaque, Paris, 2014, 250 p.

FLEURY Marianne de (dir.), Les plus belles robes du cinéma, la collection de la Cinémathèque française, Musées de la ville de Paris, Paris, 2001, 175 p.

KOLLMANN-CAILLET Virginie, GAILLARD Nathalie, Jean-Claude Pascal : sa garde-robe, de l'être au paraître, catalogue d'exposition, Musée de la chemiserie et de l'élégance masculine, Argenton-sur-Creuse, 2004, 119 p.

MAEDER Edward (dir.), Hollywood and history, costume design in film, catalogue d'exposition, Los Angeles County Museum of Art, Thames and Hudson Ltd., New York, 1987, 256 p.

NADOOLMAN LANDIS Deborah, Dressed, a century of Hollywood costume design, Harper Collins Publishers, New York, 2007, 592 p.

PINASA Delphine, Artisans de la scène, la fabrique du costume, Somogy, Paris, 2017, 160 p.

SANJUAN Agathe (sous la dir. de),  L’art du costume à la Comédie-Française, éd. Bleu autour, 2011, 224 p.

TREILHOU-BALAUDE Catherine, VERDIER Anne (sous la dir. de), Shakespeare, l’étoffe du monde, éd. Gourcuff Gradenigo, Montreuil, 2014, 192 p.

VIVIANI Christian (dir.), Le costume, Corlet, coll. «  CinémAction  », n°144, Paris,  2012, 163p.

Dossier « Le costume à l'écran », Positif, n°425/6, juillet-août 1996.

 

Comité scientifique :

Marie-Madeleine Mervant-Roux (THALIM- CNRS)

Bruno Péquignot (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3/CERLIS)

Romain Piana (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3/IRET)

Giusy Pisano (ENS Lumière – IRCAV)

Nick Rees-Roberts (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3/CIM)

Olivier Thévenin (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3/CERLIS)

François Thomas (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3/IRCAV)