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Le Comparatisme au féminin : enjeux, débats, perspectives (Mulhouse)

Le Comparatisme au féminin : enjeux, débats, perspectives (Mulhouse)

Publié le par Romain Bionda (Source : Nikol Dziub)

 « Le Comparatisme au féminin: enjeux, débats, perspectives »

8 mars 2019

La tradition littéraire est, dans les faits sinon dans son principe, masculine. Aussi les chercheuses, critiques, théoriciennes ou comparatistes, ont-elles plus qu’un défi à relever: un territoire à (re)conquérir. Entendons-nous, cette recherche connaît des antécédents: l’ouvrage sur la place des Femmes dans la critique et l’histoire littéraire (2011) dirigé par Martine Reid a par exemple posé la question de la réception des femmes auteur(e)s dans la critique et l’histoire littéraire, avec toutes les résistances aux représentations sociales qui en découlent. Quant à l’ouvrage sur les British Women Writers and the Profession of Literary Criticism, 1789-1832 (2004), dirigé par Mary A. Waters, il montre comment une certaine figure/figuration de la critique littéraire féminine se fait jour au tournant des XVIII-XIXe siècles.

Mais ce n’est pas sur des études ponctuelles en histoire littéraire que nous voulons nous arrêter – et ce n’est pas non plus sur la question du mythe féminin et de la façon dont la féminité se manifeste dans la fiction que nous voulons nous pencher (cette dernière voie ayant été magistralement explorée par le volume dirigé par Pascale Auraix-Jonchière, Voix poétiques et mythes féminins, 2017). Ce n’est pas de représentations mythiques ou fictionnelles qu’il s’agira: nous voudrions bien plutôt rendre compte d’une nouvelle «prise de conscience» (Bourdieu) d’une pensée féminine au sein du champ comparatiste, afin de nous interroger sur sa portée, ses enjeux, ses fonctions, et de comprendre la portée des débats que cela suscite. Tout en cherchant à penser un présent féminin et comparatiste, nous ne nous priverons pas des ressources de l’archéologie du féminin/de la comparaison, à l’instar des travaux de John Stuart Mill: Women in the Arts and Sciences.

Y a-t-il dans l’écriture comparatiste féminine une pensée libératrice, est-elle un outil d’indépendance? Le comparatisme au féminin joue-t-il le rôle d’une prise de parole féminine? Et peut-on parler d’une proximité/distance réflexive ou mimétique entre ces deux pratiques – parole féminine, parole comparatiste? La parole féminine comparatiste (si tant est qu’elle existe comme telle) est-elle un idéal, un moyen, un médium, un dispositif, une clef (au sens psychanalytique du terme)? Comprend-elle une part de subjectivité ou de singularité? Nous aimerions donner la parole à des chercheuses comparatistes de plusieurs pays et continents, en leur demandant d’évoquer leurs parcours et leurs pratiques de la littérature comparée, afin d’alimenter la réflexion sur ce que nous avons appelé «le comparatisme au féminin».

Axes

La littérature comparée est une discipline qui, par sa pratique et sa nature, est encline à l’auto-analyse. Les ouvrages de réflexion méthodologique et critique en témoignent. Cependant, la question du comparatisme au féminin n’a pas encore, nous semble-t-il, été pensée de façon systématique. Cette question doit être posée en fonction d’un contexte mondial: car la condition féminine comme les usages comparatistes varient selon les pays et les continents. C’est pourquoi nous souhaitons demander à des comparatistes du monde entier de contribuer à cette journée d’étude. C’est aussi l’occasion de repenser, en fonction de ceux (ou plutôt de celles) qui la pratiquent et la réinventent quotidiennement, la discipline comparatiste dans ses rapports avec des champs qui ne sont pas toujours voisins – à commencer par les sciences sociales. Car notre pensée se veut aux prises avec le contemporain, tout en s’inscrivant dans une perspective historique voire archéologique. C’est le comparatisme (au) féminin d’aujourd’hui et même de demain qui est au cœur de notre réflexion, avec un accent fort mis sur la relation à trois termes entre comparatisme, féminité et numérique. Aussi notre approche est-elle pratique. Il s’agit de réunir des réflexions bien entendu, mais aussi de recueillir des témoignages de femmes comparatistes.

Modalités de proposition et de publication

Les propositions (1/2 page environ), accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique, sont à envoyer à Nikol Dziub (nikol.dziub@uha.fr) avant le 21 décembre 2018.

Sous réserve d’acceptation des articles, la journée d'études fera l’objet d’une publication.