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La Grande Guerre des gens « ordinaires ». Correspondances, récits, témoignages (Montpellier)

La Grande Guerre des gens « ordinaires ». Correspondances, récits, témoignages (Montpellier)

Publié le par Marc Escola (Source : Chantal Wionet)

(english version below)

Colloque international
La Grande Guerre des gens « ordinaires ». Correspondances, récits, témoignages
Université Paul-Valéry Montpellier, 15-16 juin 2018

Site Saint-Charles, salle des colloques 2


Le Centenaire de la Grande Guerre a suscité de vastes collectes d’archives. La plateforme Europeana 14-18 compte à présent près d’un million de ressources numérisées ; prévue pour durer quelques semaines, la Grande collecte a rencontré un tel succès qu’elle se poursuit encore, quatre ans après son lancement en novembre 2013. Des initiatives plus spécialisées ont rassemblé les correspondances des familles peu lettrées (projet Corpus 14, labellisé Mission Centenaire), ou encore les testaments de soldats (projet Testaments de guerre des Poilus parisiens : 1914-1918). En 2018, la Révolution numérique met à disposition des chercheurs et du grand public un trésor d’archives jusqu’ici inaccessibles (projet Cendari, Feldpost, Letters from the First World War 1916-1918, par exemple).

On peut dès lors faire l’hypothèse que le Centenaire marque un tournant qui ne tient pas seulement à la symbolique des dates. Les archives inédites qui ont été découvertes débordent désormais le patrimoine privé, familial : elles deviennent un bien commun (Roynette, Siouffi, Steuckardt, 2017) ; et leur publicisation revêt un caractère de nouveauté singulier lorsqu’elles émanent de ces « gens ordinaires », mis en lumière à partir des années soixante par la vogue des récits de vie comme par les recherches anthropologiques et sociologiques (Bourdieu, 1993), linguistiques ou littéraires. Parfois nommés « les anonymes », « les sans-grade » (Descamps, 2005) – voire les « sans » tout court (Guilhaumou, 1998) –, ces « gens ordinaires » sont d’abord catégorisés par ce qu’ils ne sont pas : l’élite ; à défaut d’être définis, ils ont bénéficié de l’attention des historiens (par exemple, Caffarena, 2005 ; Cazals, 2003, 2013, Rousseau, 2011), des sociolinguistes et analystes de discours (Branca-Rosoff, 1994 ; Martineau, 2012 ; Rutten, Van der Wal, 2014 ; Steuckardt, 2015), ou encore des écrivains, qui, comme Pierre Michon avec ses Vies minuscules, Annie Ernaux ou Jean Echenoz - pour la seule littérature française contemporaine - en ont esquissé, après Barbusse, Céline ou Giono, la représentation littéraire.

Que nous apprennent alors les écrits, désormais aisément accessibles, des gens ordinaires de la Grande Guerre ? Quelles sont leurs spécificités, dans leur appropriation de la langue et des genres discursifs, mais aussi dans le témoignage qu’ils donnent de l’événement ? En quoi diffèrent-ils de ceux des élites lettrées (Allorant & Résal, 2014) ? En quoi leur ressemblent-ils (Vidal Naquet, 2014) ? Modifient-ils aujourd’hui notre perception de l’événement ? Comment contribuent-ils à construire, pour les nouvelles générations, la mémoire de la Grande Guerre ? Dans quelle mesure dessinent-ils une autre histoire de la langue française ?

Écritures du « quotidien » (de Certeau, 1980), du « for privé » (projet Les écrits du for privé, de la fin du Moyen Âge à 1914, et Bardet, Ruggiu, 2014), de l’intime (projets First Person Writings in European Context ; Letters as Loot), de la subjectivité, des émotions, constructions et reconstructions langagières du souvenir, de la mémoire, des histoires et de l’Histoire : autant de pistes pour entrer dans ces textes, et interroger cette qualité d’« ordinaire » dont les guillemets signalent l’approximation. « Le monde de la vie quotidienne s’offre […] à la fois comme un ordre centré (« normal »), où l’attendu domine, et comme un système à la marge, où il y a toujours place pour de l’inattendu : c’est-à-dire que tradition et innovation y sont en confrontation permanente. De ce point de vue, le quotidien, ce n’est pas exactement la même chose que l’ordinaire, c’est-à-dire un ensemble systématique de pratiques soumises à des régularités figées : le quotidien est en effet exposé en permanence au risque de l’irrégularité, qui, sans transition, le fait basculer dans l’extraordinaire » (Macherey, 2005) :  dans quelle mesure la pratique quotidienne de l’écrit pendant la première guerre mondiale nous donne t elle à voir les puissances de l’irrégularité ou le basculement dans l’extraordinaire ? 
Écritures du passé, ces archives composent un instantané, source d’informations pour la didactique de l’écrit et l’histoire de son enseignement (Prost, 1968 ; Bishop 2006 ; Chervel 1992, 2006 ; David, 2011 ; Doquet 2012 ; Garcia Debanc, 2016 ; Plane, 2016) : quelles sont leurs caractéristiques linguistiques et scripturales ? Que disent-elles de l’enseignement de l’écriture et des usages particuliers de l’écrit en temps de guerre (Fraenkel, Mbodj, 2010) ? 
Ces écrits rendent compte de la Grande Guerre, par le biais, non pas de l’histoire hors du commun des héros, mais de l’histoire du commun des hommes et des femmes. À côté des documents historiques et des récits de fiction travaillés dans les classes, en français comme en histoire (Masseron 1991 ; Reuter, 2007 ; Jaubert et alii, 2014), comment sont ou pourraient être exploités ces écrits d’archives, à l’école, au collège ou au lycée ? En quoi l’étude de ces écritures épistolaire, diaristique, autobiographique peut-elle enrichir le regard des élèves sur les questions de genres, d’énonciation, de structuration textuelle, de lexique ou de supports de l’écriture ? En quoi ces écrits des gens ordinaires de la Grande Guerre suscitent-ils chez les élèves une appréhension spécifique de l’écriture, de la langue et du passé ? Selon quelles transversalités et pour quelles finalités ?

Ce colloque prend pour objet d’étude les carnets de guerre, journaux intimes, correspondances, testaments etc., laissés par les femmes, les hommes, les enfants « ordinaires » pris dans la tourmente de la guerre, mais aussi les mémoires et récits laissés, au-delà de 1918, par ou sur eux, témoignant a posteriori de la vie d’après, décrivant l’expérience quotidienne, le parcours du deuil, la reconstruction. Il s’interroge aussi sur les traces laissées par ces archives dans les récits collectifs.

Partant d’un matériau langagier, il s’adresse à tous les analystes du texte – linguistes, littéraires, historiens –, aux spécialistes des archives et des humanités numériques, relais essentiels pour la transmission contemporaine de ces documents, et, conjointement, aux didacticiens, qui prennent appui sur ces nouveaux vecteurs de transmission pour faire mémoire de la Grande Guerre.

Références bibliographiques
ALLORANT, Pierre, RESAL, Jacques (2014). Femmes sur le pied de guerre. Villeneuve d’Ascq : Presses du Septentrion.
BARDET, Jean-Pierre, RUGGIU, François-Joseph (dir.) (2014). Les écrits du for privé en France de la fin du Moyen Âge à 1914, Paris : Éditions du CTHS.
BRANCA-ROSOFF, Sonia, SCHNEIDER, Nathalie (1994). L’écriture des citoyens. Une analyse linguistique des peu-lettrés pendant la période révolutionnaire. Paris : Klincksieck.
BRANCA-ROSOFF, Sonia (1990). « Conventions d'écriture dans la correspondance des soldats », Mots, Paroles de la grande guerre, n° 24, 21-37.
BISHOP, Marie-France (2006).  « Les écritures de soi à l’école primaire : bref historique d’un genre scolaire », Repères, n°31, 21-40.
CAFFARENA, Fabio (2005). Lettere della Grande Guerra. Scritture del quotidiano, monumenti della memoria, fonti per la storia. Il caso italiano. Milano : Unicopli.
CAZALS, Rémy (2003). Préface et notes, avec Nicolas Offenstadt, « Si je reviens comme je l'espère » : Lettres du front et de l'arrière, 1914-1918, Paris : Grasset.
CAZALS, Rémy (2013). 500 témoins de la Grande Guerre, Moyenmoutier : Éditions pyrénéennes / Edhisto.
CERTEAU, Michel de (1990). L’invention du quotidien. Paris : Gallimard.
CHERVEL, André (1992). « Devoirs et travaux écrits des élèves dans l’enseignement secondaire du XIXe siècle. Une source non exploitée : les enquêtes ministérielles et rectorales », Histoire de l’éducation, vol. 54, 13-38.
CHERVEL, André (2006). Histoire de l’enseignement du français du XVIIe au XXe siècle. Paris : Retz. 
DAVID, Jacques (2011). « Quels apports linguistiques pour l’enseignement-apprentissage de la litéracie ? », J. L. Chiss, H. Merlin-Kajman & C. Puech (dir.), Le français, discipline d’enseignement : histoire, champ et terrain, Paris : Riveneuve éditions, 149-168.
DESCAMPS, Florence (2005). L’historien, l’archiviste et le magnétophone : De la constitution de la source orale à son exploitation. Paris : Institut de la gestion publique et du développement économique.
DOQUET, Claire (2013). « Ordre scriptural et boucles (méta)énonciatives : remords, reprises, retours dans l’écriture », S. Branca, C. Doquet, J. Lefebvre, E. Opperman, F. Sitri (éds), L’Hétérogène à l’œuvre. Mélanges offerts à Jacqueline Authier-Revuz. Limoges, Lambert-Lucas, 80-93.
ECHENOZ, Jean (2012). 14. Paris : Minuit.
ERNAUX, Annie (2011), Écrire la vie. Paris : Gallimard, collection « Quarto ».
FRAENKEL, Béatrice, MBODJ-POUYE, Aïssatou (2010). « Les New Literacy studies, jalons historiques et perspectives actuelles », Langage et société, n° 133, 7-24.
GARCIA-DEBANC, Claudine (2016). « Les recherches en didactique du français langue première sur l’enseignement de la production écrite de 1974 à 2014 dans les revues Pratiques et Repères : consensus, controverses et points aveugles », Pratiques, n° 169-170 (en ligne, consulté le 01/09/2017).
GUILHAUMOU, Jacques (1998). La parole des sans. Paris : ENS éditions.
HÄMMERLE, Christa (dir.) (1995). Plurality and individuality : autobiographical cultures in Europe, Wien : Internationales Forschungzentrum Kulturwissentschaften.
JAUBERT, Martine, LALAGÜE-DULAC, LOUICHON Brigitte (dir.) (2013). « Fictions historiques en classe de français », Repères, n° 48 (en ligne, consulté le 01/09/2017).
MACHEREY, Pierre (2005). « Le quotidien, objet philosophique ? », Articulo. Journal of Urban Research, 1.
MARTINEAU, France (2012). « Les voix silencieuses de la sociolinguistique historique », Cahiers de linguistique. Construction des connaissances sociolinguistiques. Variation et contexte social, vol. 38, no 1, 111-135.
MASSERON, Caroline (dir.) (1991). « Textes et Histoire ». Pratiques, n° 69 (en ligne, consulté le 01/09/2017).
MICHON, Pierre (1984). Vies minuscules, Paris : Gallimard.
PLANE, Sylvie (2017). « Dynamique de l’écriture et processus de resémantisation », Pratiques, n° 173-174 (en ligne, consulté le 01/09/2017).
PLANE, Sylvie (2016). « Enseigner l’écriture, comprendre ses fonctionnements et ses évolutions ». S. Plane et alii (dir.), Recherches en écriture : regards pluriels. Nancy : Université de Lorraine, 11-20.
PROST, Antoine (1968). Histoire de l’enseignement en France (1800-1967). Paris : Armand Colin.
ROUSSEAU, Frédéric (2011). « Communicable experience and the History of Combattants 1914-1918. An indipensable Trove of Witnesses ». S. Dimitrova et alii (dir.), Witness and Archive. Between Microhistory and Sociology, Sofia, Sociological Problems. Special issues, 174-188. 
ROYNETTE, Odile, SIOUFFI, Gilles, STEUCKARDT, Agnès (dir.) (2017). La langue sous le feu. Mots, textes, discours de la Grande Guerre. Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
RUTTEN, Gijsbert, Van der WAL Marijke (2014). Letters as Loot. A sociolinguistic approach to seventeenth- and eighteenth-century Dutch. Amsterdam / Philadelphia: Benjamins.
STEUCKARDT, Agnès (dir.) (2015). Entre village et tranchées. L’écriture des poilus ordinaires. Uzès : Inclinaison.
VIDAL-NAQUET, Clémentine (2014). Correspondances conjugales 1914-1918. Paris : Robert Laffont.
VIDAL-NAQUET, Clémentine (2014). Couples dans la Grande Guerre. Le tragique et l'ordinaire du lien conjugal. Paris : Belles Lettres.

Références sitographiques
(consultées le 01/09/2017)
Bardet, Jean-Pierre, Ruggiu, François-Joseph (2009). Les écrits du for privé de la fin du Moyen Âge à 1914. http://ecritsduforprive.huma-num.fr/
Edmond, Jennifer (2015). Cendari. http://www.cendari.eu/
Martineau, France (1995). Corpus du français familier ancien. http://polyphonies.uottawa.ca/fr/corpus/i-corpus-de-francais-familier-ancien/ 
Europeana Collections 14-18 (2011). http://www.europeana.eu/portal/fr/collections/world-war-I 
First Person Writings in European Context (2008). http://firstpersonwritings.huma-num.fr/ 
National Archives. Letters from the First World War 1916-1918. http://www.nationalarchives.gov.uk/education/resources/letters-first-world-war-1916-18/ 
Nougaret, Christine, Clavaud, Florence (2017). Testaments de guerre des Poilus parisiens : 1914-1918. http://elec.enc.sorbonne.fr/testaments-de-poilus/ 
Rutten, Gijsbert, Van der Wal, Marieke (2013).  Brieven as Built. http://brievenalsbuit.inl.nl/ 
Schwender, Clemens (2008). Feldpost-Archiv. http://www.feldpost-archiv.de/ 
Steuckardt, Agnès, Luxardo, Giancarlo (2014). Corpus 14. http://corpus14.ortolang.fr/ ;  https://www.univ-montp3.fr/corpus14/

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Les langues du colloque seront le français et l’anglais.
Une sélection des communications fera l’objet d’une publication.

Calendrier
Soumission des propositions : à compter du 1er novembre 2017 
Date limite de réception des propositions : 15 janvier 2018 
Notification d'acceptation : 1er mars 2018
Publication du programme : 30 mars 2018

Les propositions, comprendront un titre, les noms et qualités de leurs auteurs, un résumé de 500 mots maximum, bibliographie incluse ; elles préciseront le type de ressources utilisées, ainsi que leur accessibilité. Elles seront envoyées à l’adresse suivante : colloque3go@univ-montp3.fr 

Conférenciers invités (confirmés)
Pierre Allorant (Université d’Orléans) ; Rémy Cazals (Université de Toulouse) ; France Martineau (Université d’Ottawa) ; Odile Roynette (Université de Franche-Comté)

Comité d’organisation
Agnès Steuckardt, Université Montpellier 3 ; Corinne Gomila, Université de Montpellier ; Chantal Wionet, Université d’Avignon

Comité scientifique (confirmé)
Pierre Allorant, Université d’Orléans ; Nathalie Auger, Université Montpellier 3 ; Hélène Blondeau, Université de Floride ; Marie-France Bishop, Université de Cergy-Pontoise ; Sonia Branca-Rosoff, Université de la Sorbonne Nouvelle ; Fabio Caffarena, Université de Gênes ; Rémy Cazals, Université de Toulouse ; Florence Clavaud, École nationale des Chartes ; Jacques David, Université de Cergy-Pontoise ; Claire Doquet, Université de la Sorbonne Nouvelle ; Gerhard Ernst, Université de Regensburg ; Jacques Guilhaumou, CNRS ; Claudine Garcia-Debanc, Université de Toulouse ; Sybille Grosse, Université de Heidelberg ; France Martineau, Université d’Ottawa ; Caroline Masseron, Université de Lorraine ; Christine Nougaret, École nationale des Chartes ; Sylvie Plane, Université Paris Sorbonne ; Frédéric Rousseau, Université Montpellier 3 ; Odile Roynette, Université de Franche-Comté ; Gilles Siouffi, Université Paris Sorbonne ; Clémentine Vidal-Naquet, Université de Picardie

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International Conference
The Great War of “ordinary” people. Correspondences, narratives, testimonies
Paul-Valery University Montpellier, June 15-16, 2018

Site Saint-Charles, salle des colloques 2


The Centenary of the Great War has generated a vast collection of archives. The Europeana platform 14-18 presently includes close to a million digitized resources; expected to last a few weeks, the “Grande Collecte” in France was such a success that it continues to this day, four years after its launch in November of 2013. More specialized initiatives have gathered the correspondences of families with low levels of literacy (“Corpus 14” project, supported by “Mission Centenaire”), as well as the wartime testaments of Parisian WWI soldiers. In 2018, the digital revolution will make a wealth of archives, inaccessible thus far, available to researchers and to the general public (Cendari project, Feldpost project, Letters from the First World War 1916-1918).
We can subsequently hypothesize that the Centenary marks a turning point that is valued for more than just the symbolic date. The newly-discovered, unpublished archives go, henceforth, beyond personal, family heritages: they are becoming a common good (Roynette, Siouffi, Steuckardt, 2017) and the public exposure of these archives takes on a characteristic of singular originality when they come from these “ordinary people”, who were brought into focus in the sixties by the popularity of life narratives in anthropological and sociological (Bourdieu, 1993), linguistic, or literary research. Sometimes named “the anonymous”, “the without rank” (Descamps, 2005) – even the “without”, full stop (Guilhamou, 1998) – these “ordinary people” are first categorized by what they are not: the elite. For lack of being defined, they have benefited from the attention of historians (for example, Caffarena, 2005; Cazals, 2003), of sociolinguists and discourse analysts (Branca-Rosoff, 1994; Martineau, 2012; Rutten & Van der Wal, 2014; Steuckardt, 2015), as well as of writers who, like Pierre Michon with his Miniscule Lives, Annie Ernaux or even Jean Echenoz – regarding the only contemporary French literature –, have made a dent in, after Barbusse, Celine or Giono, the literary representation.
What do we then learn from the writings, now easily accessible, of ordinary people of the Great War? What are their special features, in their appropriation of language and discursive genres, but also in the outlook they bring to the event? In what way do they differ from those of the well-read elite (Allorant & Resal, 2014)? In what way do they resemble them (Vidal-Naquet, 2014)? Do they modify our current perception of the event? How do they contribute to the construction, for new generations, of the memory of the Great War? And to what extent do they sketch another history of the French language?
Writings of “everyday life” (de Certeau, 1980), of the “for privé” (Les écrits du for privé, de la fin du Moyen Âge à 1914 project, and Bardet, Ruggiu, 2014), of intimacy, of subjectivity, of emotions, linguistic constructions and reconstructions of memories, of remembrance, of histories and of History: such concepts will allow us to approach these texts, and to examine this quality of “ordinary”, whose quotation marks undoubtedly highlight its approximation. “The world of everyday life presents itself [...] both as a centred order (“normal”), where the expected dominates, and as a marginal system, where there is always room for the unexpected: tradition and innovation are in permanent confrontation. From this point of view, the everyday is not the exact same thing as the ordinary, namely a systematic ensemble of practices subjected to fixed regularities: the everyday is in fact permanently exposed to the risk of irregularity which seamlessly turns it into the extraordinary” (Macherey, 2005): to what extent does the everyday practice of writing during the first world war allow us to see the power of the irregularity or its transformation into the extraordinary?
Writings of the past, these archives form a snapshot, a source of information for the didactics of writing and the history of its teaching (Bishop 2006; Chervel 1992, 2006; David, 2011; Garcia-Debanc, 2016; Plane, 2016; Doquet 2012): what are their linguistic and scriptural characteristics? What do they say about the teaching of writing and particular uses of writing in times of war (Fraenkel & Mbodj, 2010)?
These writings of the Great War summarize the Great War by way, not of the extraordinary history of heroes, but of the ordinary history of men and women. Next to historical documents and historical fiction studied in schools, in French as well as in history (Masseron 1991; Jaubert, Lalague-Dula, Louichon, 2014), how are and how can these archive writings be exploited, in primary school, in secondary school or in college? How can the study of these epistolary, diaristic, and autobiographical writings enrich the viewpoint of students on questions of gender, of enunciation, of textual structuration, of lexicon, or of writing supports? How do these writings of ordinary people of the Great War provoke a particular understanding of writing, of language and of the past in students? According to which interdisciplinarities and for which purposes?
The subject of this symposium is wartime journals, private diaries, letter correspondences, wills etc., left by ordinary women, men and children seized in the upheaval of the war, but also the memories and stories left by or on them, beyond 1918, as a testament a posteriori of life after war, which describe the daily life, the process of mourning, the reconstruction. It will also examine the traces left by these archives in the collective narrative.
Based on linguistic material, this conference is intended for all text analysts – linguists, literati, historians –as well as for archive and digital humanities specialists, essential representatives for the contemporary transmission of these documents, and jointly, for didacticians, who rest on these new vectors of transmission to continue the memory of the Great War.

Bibliography 
ALLORANT, Pierre, RESAL, Jacques (2014). Femmes sur le pied de guerre. Villeneuve d’Ascq : Presses du Septentrion.
BARDET, Jean-Pierre, RUGGIU, François-Joseph (dir.) (2014). Les écrits du for privé en France de la fin du Moyen Âge à 1914, Paris : CTHS, 2014.
BISHOP, Marie-France (2006).  « Les écritures de soi à l’école primaire : bref historique d’un genre scolaire », Repères, n°31, 21-40.
BRANCA-ROSOFF, Sonia, SCHNEIDER, Nathalie (1994). L’écriture des citoyens. Une analyse linguistique des peu-lettrés pendant la période révolutionnaire. Paris : Klincksieck. http://syled.univ-paris3.fr/individus/sonia-branca/articles/51bch5unites93.pdf
BRANCA-ROSOFF, Sonia (1990). « Conventions d'écriture dans la correspondance des soldats », Mots, Paroles de la grande guerre, n° 24, 21-37.
CAFFARENA, Fabio (2005). Lettere della Grande Guerra. Scritture del quotidiano, monumenti della memoria, fonti per la storia. Il caso italiano. Milano : Unicopli.
CAZALS, Rémy (2003). Préface et notes, avec Nicolas Offenstadt, « Si je reviens comme je l'espère » : Lettres du front et de l'arrière, 1914-1918, Paris : Grasset.
CAZALS, Rémy (2013). 500 témoins de la Grande Guerre, Moyenmoutier : Éditions pyrénéennes / Edhisto.
CERTEAU, Michel de (1990). L’invention du quotidien. Paris : Gallimard.
CHERVEL, André (1992). « Devoirs et travaux écrits des élèves dans l’enseignement secondaire du XIXe siècle. Une source non exploitée : les enquêtes ministérielles et rectorales », Histoire de l’éducation, vol. 54, 13-38.
CHERVEL, André (2006). « La composition française : du discours français à la rédaction d’école primaire», A. Chervel, A, Histoire de l’enseignement du français du XVIIe au XXe siècle. Paris : Retz, 629-725. 
DAVID, Jacques (2011). « Quels apports linguistiques pour l’enseignement-apprentissage de la litéracie ? », J. L. Chiss, H. Merlin-Kajman & C. Puech (dir.), Le français, discipline d’enseignement : histoire, champ et terrain, Paris : Riveneuve éditions, 149-168.
DESCAMPS, Florence (2005). La lente réintégration de la source orale en histoire In : L’historien, l’archiviste et le magnétophone : De la constitution de la source orale à son exploitation. Paris : Institut de la gestion publique et du développement économique, 93-130.
DOQUET, Claire (2013). « Ordre scriptural et boucles (méta)énonciatives : remords, reprises, retours dans l’écriture », S. Branca, C. Doquet, J. Lefebvre, E. Opperman, F. Sitri (éds), L’Hétérogène à l’œuvre. Mélanges offerts à Jacqueline Authier-Revuz. Limoges, Lambert-Lucas, 80-93.
ECHENOZ, Jean (2012). 14. Paris : Minuit.
ERNAUX, Annie (2011), Écrire la vie. Paris : Gallimard, collection « Quarto ».
FRAENKEL, Béatrice, MBODJ-POUYE, Aïssatou (2010). « Les New Literacy studies, jalons historiques et perspectives actuelles », Langage et société, 133, 7-24.
GARCIA-DEBANC, Claudine (2016). « Les recherches en didactique du français langue première sur l’enseignement de la production écrite de 1974 à 2014 dans les revues Pratiques et Repères : consensus, controverses et points aveugles », Pratiques, n° 169-170.
GUILHAUMOU, Jacques (1998). La parole des sans. Paris : ENS éditions.
JAUBERT, Martine, LALAGÜE-DULAC, LOUICHON Brigitte (dir.) (2013). « Fictions historiques en classe de français », Repères, n° 48.
MACHEREY, Pierre (2005). « Le quotidien, objet philosophique ? », Articulo. Journal of Urban Research, 1.
MASSERON, Caroline (dir.) (1991). « Textes et Histoire ». Pratiques, n° 69.
MARTINEAU, France (2012). « Les voix silencieuses de la sociolinguistique historique », Cahiers de linguistique. Construction des connaissances sociolinguistiques. Variation et contexte social, vol. 38, no 1, 111-135.
MICHON, Pierre (1984). Vies minuscules, Paris : Gallimard.
PLANE, Sylvie « Dynamique de l’écriture et processus de resémantisation », Pratiques [En ligne], 173-174 | 2017, URL : http://pratiques.revues.org/3307.
PLANE, Sylvie (2016). « Enseigner l’écriture, comprendre ses fonctionnements et ses évolutions ». In S. Plane, C. Bazerman, C. Donahue, F. Rondelli, A. Applebee, C. Boré, P. Carlino, M. Marquillo Llarruy, P. Roger & D. Russell (Eds)  Recherches en écriture : regards pluriels, Nancy : Université de Lorraine, 11-20.
ROUSSEAU, Frédéric (2011). « Communicable experience and the History of Combattants 1914-1918. An indipensable Trove of Witnesses ». S. Dimitrova et alii (dir.), Witness and Archive. Between Microhistory and Sociology, Sofia, Sociological Problems. Special issues, 174-188. 
ROYNETTE, Odile, SIOUFFI, Gilles, STEUCKARDT, Agnès (dir.) (2017). La langue sous le feu. Mots, textes, discours de la Grande Guerre, Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
RUTTEN, Gijsbert, Van der WAL Marijke (2014). Letters as Loot. A sociolinguistic approach to seventeenth- and eighteenth-century Dutch. Amsterdam / Philadelphia : Benjamins.
STEUCKARDT, Agnès (dir.) (2015). Entre village et tranchées. L’écriture des poilus ordinaires. Uzès : Inclinaison.
VIDAL-NAQUET, Clémentine (2014). Correspondances conjugales 1914-1918. Paris : Robert Laffont.
VIDAL-NAQUET, Clémentine (2014). Couples dans la Grande Guerre. Le tragique et l'ordinaire du lien conjugal. Paris : Belles Lettres.

Resources available online (accessed september 1, 2017)
Bardet, Jean-Pierre, Ruggiu, François-Joseph (2009). Les écrits du for privé de la fin du Moyen Âge à 1914. http://ecritsduforprive.huma-num.fr/
Edmond, Jennifer (2015). Cendari. http://www.cendari.eu/
Martineau, France (1995). Corpus du français familier ancien. http://polyphonies.uottawa.ca/fr/corpus/i-corpus-de-francais-familier-ancien/ 
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First Person Writings in European Context (2008). http://firstpersonwritings.huma-num.fr/ 
National Archives. Letters from the First World War 1916-1918. http://www.nationalarchives.gov.uk/education/resources/letters-first-world-war-1916-18/ 
Nougaret, Christine, Clavaud, Florence (2017). Testaments de guerre des Poilus parisiens : 1914-1918. http://elec.enc.sorbonne.fr/testaments-de-poilus/ 
Rutten, Gijsbert, Van der Wal, Marieke (2013).  Brieven as Built. http://brievenalsbuit.inl.nl/ 
Schwender, Clemens (2008). Feldpost-Archiv. http://www.feldpost-archiv.de/ 
Steuckardt, Agnès, Luxardo, Giancarlo (2014). Corpus 14. http://corpus14.ortolang.fr/ ;  https://www.univ-montp3.fr/corpus14/

The symposium languages are French and English.
A selection of papers will be the subject of a publication.

Calendar
Submission of abstracts: starting from November 1, 2017
Deadline for the receiving of abstracts: January 15, 2018
Notification of acceptance: March 1, 2018
Publication of program: March 30, 2018

The abstracts, of around 500 words, bibliography included, should specify the type of resources used as well as their accessibility. The abstracts should be sent to the following address: colloque3go@univ-montp3.fr

Guest speakers (confirmed)
Pierre Allorant (Université d’Orléans) ; Rémy Cazals (Université de Toulouse) ; France Martineau (Université d’Ottawa) ; Odile Roynette (Université de Franche-Comté)

Organizing committee
Agnès Steuckardt, Université Montpellier 3
Corinne Gomila, Université de Montpellier
Chantal Wionet, Université d’Avignon

Scientific committee (confirmed)
Pierre Allorant, Université d’Orléans ; Nathalie Auger, Université Montpellier 3 ; Hélène Blondeau, University of Florida ; Marie-France Bishop, Université de Cergy-Pontoise ; Sonia Branca-Rosoff, Université de la Sorbonne Nouvelle ; Fabio Caffarena, University of Genoa ; Rémy Cazals, Université de Toulouse ; Florence Clavaud, École nationale des Chartes ; Jacques David, Université de Cergy-Pontoise ; Claire Doquet, Université de la Sorbonne Nouvelle ; Gerhard Ernst, University of Regensburg ; Jacques Guilhaumou, CNRS ; Claudine Garcia-Debanc, Université de Toulouse ; Sybille Grosse, University of Heidelberg ; France Martineau, University of Ottawa ; Caroline Masseron, Université de Lorraine ; Christine Nougaret, École nationale des Chartes ; Sylvie Plane, Université Paris Sorbonne ; Frédéric Rousseau, Université Montpellier 3 ; Odile Roynette, Université de Franche-Comté ; Gilles Siouffi, Université Paris Sorbonne ; Clémentine Vidal-Naquet, Université de Picardie