Actualité
Appels à contributions
L'oral dans la fiction narrative: formes et enjeux (Monastir, Tunisie)

L'oral dans la fiction narrative: formes et enjeux (Monastir, Tunisie)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Mustapha Trabelsi)

Université de Sfax Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Laboratoire de Recherche Interdisciplinaire en Discours, Art, Musique et Economie

(LARIDIAME, LR18ES23)

Université de Reims UFR de Lettres et Sciences humaines

Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires

(CRIMEL EA 3311)

 

Appel à communications

« L’oralité dans la fiction narrative : formes et enjeux »

 

L’ambition du colloque que LARIDIAME de l’Université de Sfax et le CRIMEL de l’Université de Reims organisent du 17 au 19 avril 2019 à Monastir est d’analyser les formes et les enjeux de la présence de l’oralité dans la fiction narrative. Celle-ci soulève des questions qui sont à la fois théoriques, critiques, stylistiques et historiques.

L’oralité peut être vue de façon contrastée, soit comme l’opposé de la littérarité, soit comme l’origine de la littérature. Son insertion dans la narration en prose peut alors être aussi bien un problème qu’une évidence.

L’oral et l’écrit sont souvent perçus comme renvoyant à deux codes opposés: l’un se fonderait sur l’immédiateté, la spontanéité, la discontinuité, la répétition, la fragmentation grammaticale, la présence active des protagonistes etc. L’autre se réfèrerait à la distance, à la continuité et au respect des règles syntaxiques et lexicales. Cette opposition revêt souvent une dimension sociologique, confrontant le populaire et le lettré. Il s’agit alors d’aborder les configurations et les significations d’une telle rencontre du dit et de l’écrit, du parlé et du scriptural au sein du même espace textuel narratif.

D’un autre côté, dans diverses traditions culturelles, l’origine des récits a souvent été associée à l’oralité. La création littéraire aurait alors un lien essentiel à l’oralité, le passage à l’écrit étant perçu comme une déperdition. De nombreux textes romanesques, dont certains sont fondateurs, ont intégré dans leur système narratif une fiction d’oralité, donnant vie à toute une série de narrateurs représentés dans l’univers raconté. L’univers polymorphe du conte écrit donne à ces questions une place importante, en jouant avec les oppositions canoniques. Il convient alors d’explorer la portée de ces mises en scène de la narration orale.

C’est donc en tant que « composante de l’organisation fictionnelle narrative » (Marie Dagnat) que le colloque entend aborder la thématique de l’oralité. Les communications porteront sur les différentes formes et les enjeux multiples des « fictions d’oralité » au sein de l’univers de la narration non dramatique. On exclura les formes dramatiques destinées à la scène, sans s’interdire bien sûr l’étude des interactions entre dialogue dramatique et dialogue romanesque. Les communications présentant une dimension diachronique et/ou théorique sont encouragées.

*

Les propositions de communication devront s’inscrire de façon explicite dans les axes suivants :

A/ L’oralité comme effet de style

Les études sur le dialogue dans le roman montrent clairement que la représentation de l’oral dans l’écrit ne peut pas correspondre à la réalité de la langue parlée. L’oralité n’a donc pas de relations mimétiques avec l’oral authentique, la langue parlée telle qu’elle est envisagée par les romanciers est un « artefact » (Sylvie Durrer).On pourra donc étudier toutes les formes du« compromis entre le dit et l’écrit » (Sillam Maguy) qui se manifeste au niveau des énoncés narratifs ainsi que des modes d’énonciation romanesque.

B/ L’oralité comme effet du réel.

Les communications pourront aussi analyser les raisons qui poussent des écrivains à accorder une place importante à l’oralité. Idiolectes et sociolectes contribuent à la caractérisation, comme à l’effet du réel.

L’oralité peut être un outil pour faire entrer certains groupes sociaux dans la fiction, selon des motivations variées (satire, défense, élargissement de la représentation, etc.). Autant qu’à une sociologie de la fiction, le parler oral peut aussi contribuer à sa géographie (patois régionaux, dialectes, créolisation des langues européennes, etc.).

Au XXe et XXIe siècles, l’oralité jouit également d’un statut privilégié en littérature. Certains écrivains choisissent d’exploiter dans leur écriture toutes les ressources de la langue parlée assurant aussi bien une inventivité permanente qu’une dénonciation de l’ordre social. Ils n’hésitent pas à insérer dans l’écrit des notations phonétiques qui déstructurent la langue : « Ils zondit à la téessef, poursuit la logeuse, que c’est un aérosol aphrobaisiaque » (Boris Vian, L’Amour est aveugle). La fiction d’oralité est alors liée à l’élaboration d’un « français parallèle » qui échappe au langage standard.

C/ L’oralité comme effet de fiction

L’oralité n’a pas pour unique objectif la caractérisation individuelle, sociale ou géographique des personnages, elle constitue aussi le contexte où s’élabore le récit et se construit le sens et  où se tisse une relation de complicité entre le narrateur et le narrataire. L’analyse des structures de narration orale permet, dans ce cas, de révéler la nature des contrats de fiction, les mécanismes de l’élaboration du discours narratif et leurs effets sur les lecteurs.

*

Dans le cadre de ce colloque on s’interrogera sur l’oralité comme lieu de l’élaboration du sens dans la fiction et comme objet de plaisir des lecteurs en privilégiant les champs de la poétique historique, de la narratologie énonciative et de la stylistique, ce qui n'exclut pas d’autres éclairages linguistiques et sociolinguistiques. La dimension diachronique sera valorisée, car le statut de l’oralité comme composante fictionnelle a varié fortement selon les périodes littéraires, dont elle a contribué à façonner les modèles ou les contre-modèles. Le colloque accueillera des communications portant sur des périodes diverses, comme sur des aires culturelles variées.

La publication des actes du colloque est prévue aux Presses universitaires de Reims et  dans la collection LARIDIAME après expertise du comité scientifique.

 

Éléments de bibliographie :

-Mikhaïl Bakhtine, Esthétique et théorie du roman, [1975], Paris, Gallimard, 1978.

-Roland Barthes, Le Degré zéro de l’écriture, Paris, Le Seuil, 1953.

-Sylvie Durrer, Le Dialogue romanesque, Droz, 1994.

-Claude Grignon, Jean-Claude Passeron, Le Savant et le populaire, Paris, Gallimard, /Le Seuil, 1989.

-Daniel Luzatti (éd.), L’Oral dans l’écrit, Langue française, 89, Paris, Larousse, 1991.

-Françoise Rullier-Theuret, Le Dialogue dans le roman, Paris, Hachette, 2001.

-Francis Berthelot, Parole et dialogue dans le roman, Paris, Nathan, 2005.

-Marie-Hélène Boblet, Le Roman dialogué après 1950 : poétique de l’hybridité, Paris, H. Champion, 2003.

-Catherine Kerbrat Orecchioni, Les Interactions verbales, Paris, Armand Colin, Tome I, 1990; Tome II, 1992; Tome III, 1994.

 

Comité scientifique : Arselène Ben Farhat, Pierre Garrigues, Françoise Gevrey,

Jean-Louis Haquette, Philippe Jousset, Vincent Jouve, Foued Laroussi, Mustapha Trabelsi.

 

Comité d’organisation : Ola Boukadi, Mouna Sassi, Sonia Mziou.

Les titres et résumés des communications, d’environ une demi-page, accompagnés d’une notice biographique sont à envoyer uniquement par voie électronique  avant le 31 janvier 2019 aux deux adresses suivantes :

olabouk@yahoo.fr

stephanie.hatat@univ-reims.fr

NB  Les frais de participation seront de 180 euros, ou leur équivalent en dinars tunisiens. Les participants tunisiens seront redevables de 300 dinars. 

Les organisateurs du colloque prendront en charge l’hébergement (en pension complète) de 4 nuitées pour les intervenants étrangers et de 3 nuitées pour les Tunisiens.

Le colloque se déroulera dans un hôtel à  Monastir. Une excursion culturelle est prévue après le colloque.

 

Calendrier :

31 janvier 2019: date limite d’envoi des propositions de communication

18 février 2019 : notification aux auteurs

17-19 avril  2019 : colloque international

1er décembre 2019 : remise des textes pour la publication des actes (Presses Universitaires de Reims et Collection LARIDIAME)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

 

                                                     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.