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L’idée de justice dans la littérature francophone de Belgique (Poznań)

L’idée de justice dans la littérature francophone de Belgique (Poznań)

Publié le par Marc Escola (Source : Bernard Ribémont)

L’idée de justice dans la littérature francophone de Belgique

Poznań, 5-6 décembre 2019

 

Dans L’Affaire Saint-Fiacre, Georges Simenon propose à son lecteur une réflexion qui va bien au-delà d’une enquête policière. Maigret retourne sur les lieux de son enfance après avoir reçu une lettre de la comtesse chez qui son père était régisseur, inquiète d’une lettre anonyme lui annonçant qu’elle mourrait le mercredi des Cendres. Évoluant dans une atmosphère quelque peu glauque, dans un univers où évoluent des personnages qui, a priori quelque peu caricaturaux, se révèlent complexes, Maigret, comme c’est souvent le cas, plonge au fond de l’âme humaine et de ses contradictions. Le lecteur curieux est alors confronté à une série de questionnements autour de la mort de la comtesse et de sa vie antérieure, questionnements qui relèvent de différents champs relatifs à la notion de justice et à sa complexité. S’il faut bien un coupable inattendu pour une mort qui n’est pas aussi naturelle que le médecin veut bien le faire croire – genre oblige –, la galerie de portraits dessinés par Simenon renvoie à des interrogations sur le droit et la justice, celle-ci humaine comme divine. Qui en effet n’est pas coupable dans cette affaire ? : la comtesse, son secrétaire et gigolo, le médecin, le fils indigne de la comtesse, le curé, le régisseur ?

Ce simple exemple est révélateur d’un aspect essentiel de bien des textes fictionnels auquel bien évidemment la littérature belge n’échappe pas, qui invite la critique à une analyse des relations que la littérature peut entretenir avec l’idée de droit et de justice, dans le sens le plus large – éthique, juridique, religieux, politique, social.

Les liens étroits entre droit et littérature s’expliquent largement par les analogies existant entre les pratiques qu’elles supposent, analogies que l’on peut considérer selon six champs principaux : art du discours, affirmation d’autorité, exemplarité, herméneutique, éthique et fiction.

Si le droit produit du récit – et même de la fiction – la littérature, de son côté, élabore des intrigues à partir de règles de droit, à partir de situations à caractère juridique et judiciaire et/ou posant la question de l’équité, de la justice, au sens éthique ou religieux : les histoires qu’elle raconte parlent de mariage, de succession, de meurtres, de relations familiales, d’abus de confiance, de fanatisme religieux, de secret de la confession, etc. Elle met en scène des figures liées directement à la pratique judiciaire et elle construit des personnages à partir de données juridiques et éthiques. Elle utilise par exemple la forme du procès, transposition plus ou moins allégorique ou factice du réel, pour structurer le récit, la mise en scène, le discours ou une partie de ceux-ci, ou bien encore se sert du procès comme arrière-fond du récit. Elle interroge sur le crime et sur la culpabilité.

De façon indépendante ou non de l’histoire et de l’actualité, des questions relatives à la justice ou au droit deviennent motifs littéraires, centraux dans un texte, embrayeurs narratifs ou cantonnés dans un rôle rhétorique, d’ornement. Ces motifs participent de la mise en place d’une esthétique particulière, tout en alimentant, voire fondant, des systèmes de représentation engageant une évaluation de la justice plus ou moins bien fondée dans les multiples dimensions qui sont les siennes.

L’objet de cette rencontre est donc, à partir du corpus de la littérature francophone belge, de s’interroger sur la façon dont ces textes, avec une spécificité belge ou non, questionnent les notions et concepts de droit et de justice.

Notre rencontre aura lieu à Poznań, à l’Institut de Philologie Romane, les 5 et 6 décembre 2019. Les participants sont invités à faire parvenir l’intitulé de leur communication et un bref résumé de celle-ci jusqu’au 30 septembre 2019 à l’adresse suivante : joanna.teklik@amu.edu.pl. ou  bernard.ribemont@univ-orleans.fr

Les frais d’inscription seront de 250 PLN (60 €) et couvriront les repas ainsi qu’une participation à la publication. Le volume sera publié aux Classiques Garnier, dans la collection POLEN (POuvoir, LEttres, Normes),