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L’art de l’acteur dans la presse écrite et illustrée, 1750-1980 (ENS Paris)

L’art de l’acteur dans la presse écrite et illustrée, 1750-1980 (ENS Paris)

Publié le par Marc Escola

L’art de l’acteur dans la presse écrite et illustrée, 1750-1980

Colloque international organisé par Marion Chénetier-Alev et Marco Consolini

Dates du colloque : 4-5 juin 2020
Date-limite de soumission des propositions : 1er octobre 2019
Lieu : École Normale Supérieure, Ulm, Paris
Equipes de recherches : THALIM Arias (UMR 7172) CNRS, IRET - EA 3959 Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

 

Appel à communication

S’il faut attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle pour voir apparaître, en France, les premiers journaux entièrement consacrés au théâtre, la presse qui s’intéresse à l’activité théâtrale va dès lors connaître un développement continu et lui-même spectaculaire, suivant à la fois l’essor du champ médiatique et celui du théâtre au sein de la société. Parallèlement à la publication des correspondances, mémoires, essais, traités et dictionnaires que nourrit l’intérêt croissant porté à l’art dramatique, la presse écrite et bientôt de plus en plus illustrée se constitue ainsi comme l’une des principales sources d’information sur les acteurs. Dans son ouvrage fondateur sur l’Histoire de la critique dramatique en France, Maurice Descotes a démontré à quel point la critique dramatique est tributaire de la vie sociale dont l’activité théâtrale est toujours la manifestation, et, en conséquence, combien les principes politiques et idéologiques qui l’étayent plus ou moins consciemment orientent les analyses et les jugements posés sur les œuvres proposées comme sur les spectacles qui les mettent en scène. Les discours sur les acteurs n’échappent ni à ces grilles de lecture où s’imbriquent les querelles esthétiques, ni à la subjectivité des perceptions. Néanmoins, à mesure que journaux et revues connaissent une certaine stabilité et paraissent régulièrement, que s’institutionnalise l’activité théâtrale, que s’affirment les carrières des critiques et des feuilletonistes autant que celles des comédiens, la presse peut devenir le lieu d’un compagnonnage privilégié avec des acteurs qu’elle suit sur le long terme.

S’inscrivant à la croisée d’une double recherche, sur l’apport de la critique dramatique à la connaissance du jeu de l’acteur d’une part, et, au sein du GRIRT[1], sur les revues de théâtre d’autre part, ce colloque souhaite ouvrir un chantier de recensement, de dépouillement et d’analyse des fonds de la presse théâtrale, envisagés sous l’angle du travail et du jeu de l’acteur. Il interrogera ce que la presse écrite et illustrée (journaux et revues) de 1750 à 1980, en France et dans les autres pays européens – particulièrement en Italie, en Angleterre, en Allemagne et en Russie – peut apporter à une histoire, une pensée et une poétique du travail et du jeu de l’acteur, en considérant la question à la fois sous ses aspects méthodologique, terminologique, esthétique, artistique, idéologique. Il sera attentif à ce qui, dans la presse, révèle, voire encourage ou à l’inverse empêche, la constitution d’une parole autonome de l’acteur sur son métier, et au devenir de cette parole : à partir de quel moment, et de quelle manière, l’acteur prend-il la parole dans la presse ? Comment entre-t-il en dialogue, le cas échéant, avec la critique ? L’acteur a-t-il un droit de réponse vis-à-vis de la critique ? À l’inverse on se demandera quelle liberté de parole l’acteur est capable d’accorder à celui qui écrit sur lui. Un autre enjeu de cet examen de la production journalistique et revuiste sera de déterminer quand, et dans quels termes, la presse se fait le relais du changement de statut de l’acteur dans la création du spectacle au tournant des XIXe et XXe siècles, lorsque naturalisme et symbolisme contestent le sacre de l’acteur et remettent en cause sa pré-éminence au profit du texte et de la mise en scène. Trouve-t-on, dans les médias de l’époque, des traces de ce basculement du point de vue de l’acteur ? Et dès lors, dans quelles proportions, et sous quelles formes, la presse continue-t-elle de documenter le travail et les interprétations de l’acteur ?

On pourra ainsi envisager de traiter le sujet sous les angles suivants :

1. Quelle(s) politique(s) des revues vis-à-vis de l’acteur ?

  • À l’instar de L’Album comique de Gabriel Boissy, y a-t-il des revues consacrées exclusivement aux acteurs ?
  • Quelles rubriques la presse théâtrale invente-t-elle pour traiter des acteurs ?
  • Quelle terminologie la presse emploie-t-elle pour parler du métier de l’acteur et à quelles sources l’emprunte-t-elle ? Cette terminologie évolue-t-elle dans le temps ? Une telle évolution permet-elle de saisir les enjeux et les mutations du métier de l’acteur ?
  • À travers la presse, que donne-t-on à voir ; à entendre ; à penser du travail de l’acteur, et de son jeu ?
  • Quel est l’apport de l’iconographie de presse – sous forme de tableaux reproduits, de dessins, de caricatures, ou de photographies pour lesquelles Sarcey parle de « théâtre instantané » dans son éditorial du numéro inaugural de la revue Le Théâtre en 1898 –  à la connaissance du travail et du jeu de l’acteur ?
  • Dans un domaine où l’approche genrée est poussée à l’extrême, quelles différences de traitement entre femmes et hommes observe-t-on (au point de vue de l’angle d’approche, de la place accordée à chaque sexe, des termes en lesquels s’exprime la recension, de l’analyse des rôles, des interprétations, des carrières etc.) ?
  • D’un pays à l’autre, peut-on distinguer des spécificités, des divergences, des traits communs de l’approche critique vis-à-vis du comédien et de sa pratique ? En particulier, quelle image de l'acteur et quelles informations sur les enjeux artistiques mais aussi économiques de son métier peut-on tirer de la presse spécialisée, corporative et/ou syndicale, notamment en Italie au tournant du XIXe et XXe siècles ?

2. L’acteur par lui-même

  • À partir de quand l’acteur s’exprime-t-il dans les journaux et revues, et sous quelles formes ? Quelle place est offerte à l’acteur dans la presse pour qu’il y prenne la parole (ou l’image) en propre ? Comment cette place évolue-t-elle, en termes de volume, de types d’écrits (témoignages, entretiens, portraits, lettres ouvertes, extraits de journaux ou mémoires etc.) ou d’images ?
  • Existe-t-il, dans la presse, un discours de l’acteur sur son métier ? Se démarque-t-il de celui de la presse ? Dans quelle mesure, le cas échéant, ces deux discours s’influencent-ils – ou non, dialoguent-ils – ou non ?
  • Les cas particuliers d’acteurs-metteurs en scène, dans la première moitié du XXe, entraînent-ils, proportionnellement, une sur-représentation de ces acteurs dans la presse ?
  • À quels critères répondent les acteurs les plus couverts par la presse ?

3. La relation triangulaire critique-acteur-public

  • Parce que l’approche critique en elle-même présuppose une conception de l’acteur et de son activité, elle informe profondément la perception que le public en a. On n’oubliera donc pas que la critique est largement prescriptive, qu’elle impose une vision autant qu’elle décrit ce qu’elle voit ; qu’elle masque ce qui se donne à voir autant qu’elle le dévoile. Dans quelle mesure, et jusqu’où, les présupposés et les principes qui sous-tendent le regard critique façonnent-ils la pratique de l’acteur et l’attente des spectateurs ?
  • Comme il a existé des compagnonnages privilégiés entre un acteur et un auteur, a-t-on connaissance d’une relation exemplaire (en termes de durée et/ou de qualité du dialogue) entre un acteur et un critique ? Plus ponctuellement, il serait intéressant d’examiner des cas précis d’échanges féconds et/ou polémiques entre critiques et acteurs ; ainsi que d’isoler quelques figures de critiques qui ont accordé une attention particulière aux acteurs en étudiant à la fois les témoignages qu’ils nous laissent, et la vision de l’acteur qu’ils ont contribué à diffuser.

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Les propositions, en français, anglais ou italien, comporteront un titre et un résumé (1500 signes, espaces compris) ainsi que des mots-clés. Elles préciseront la (ou les) rubrique(s) choisie(s) et seront accompagnées d'une brève bio-bibliographie de l'auteur (500 signes espaces compris). Elles devront parvenir en format Word par courrier électronique à la fois à Marion Chénetier-Alev (marion.chenetier@gmail.com) et à Marco Consolini (marco.consolini@sfr.fr) pour le 1er  octobre 2019. Réponse aux auteurs : novembre 2019.

 

[1] Groupe de Recherche Interuniversitaire sur les Revues de Théâtre, dirigé par Marco Consolini, Sophie Lucet et Romain Piana (IRET EA 3959-Université de Paris 3-Sorbonne Nouvelle ; CERILAC EA 4210-Université Paris-Diderot).

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Comité scientifique :

Marie-Christine AUTANT-MATHIEU, études théâtrales, directeur de recherche au CNRS, UMR Eur’ORBEM (CNRS/Sorbonne université).

Anne-Françoise BENHAMOU, études théâtrales, professeure, ENS Ulm.

Jeanne BOVET, histoire et esthétique du théâtre, professeure, université de Montréal.

Livia CAVAGLIERI, études théâtrales, professeure, université de Gênes.

Marion CHÉNETIER-ALEV, études théâtrales, maître de conférences, ENS Ulm.

Marco CONSOLINI, études théâtrales, professeur, université Sorbonne Nouvelle-Paris 3.

Maria DELGADO, professeur, directrice de recherches à la Royal Central School of Speech and Drama, à l’université de Londres.

Joël HUTHWOHL, directeur du Département des arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France.

Sophie LUCET, littérature et arts du spectacle, maître de conférences, université Paris Diderot.

Lorenzo MANGO, études théâtrales, professeur émérite, université L’Orientale de Naples.

Donatella ORECCHIA, études théâtrales, professeur, université de Rome Tor Vergata.

Anne PELLOIS, études théâtrales, maître de conférences, ENS Lyon.

Romain PIANA, études théâtrales, maître de conférences, université Sorbonne Nouvelle-Paris 3.

Marielle SILHOUETTE, Études théâtrales, professeure, université Paris Nanterre.

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Contact : Toutes les questions peuvent être envoyées à

Marion Chénetier-Alev (marion.chenetier@gmail.com) et Marco Consolini (marco.consolini@sfr.fr)