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Appels à contributions
Diderot et l’argent (Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, 2019)

Diderot et l’argent (Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, 2019)

Publié le par Marc Escola (Source : franck salaün)

Diderot et l’argent

Appel à contribution pour le prochain numéro de la revue 

Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie (RDE 54, 2019)
 

Si le mot « argent » n’est pas nécessairement celui employé par les hommes des Lumières pour désigner ce que nous entendons aujourd’hui sous ce terme, la question du rapport à l’argent des philosophes en général et de Diderot en particulier mérite d’être considérée, d’autant qu’elle a jusque-là été assez peu étudiée.

Le thème de l’argent renvoie plus largement aux discussions anciennes sur l’idée de richesse (richesse réelle et richesse supposée). Il participe (ou non) aux oppositions canonique nature / culture, et nature / artifice. Il est en lien direct avec les réflexions des philosophes sur la valeur et l’usage de la monnaie, sur le commerce, sur la valeur du travail, et concurremment celle accordée à l’oisiveté, voire à la paresse.

Concernant Diderot, ce pourra être l’occasion de relire les textes les plus connus, mais aussi d’autres qui le sont moins, telles les étonnantes analyses sur les valeurs croisées des mots et de l’argent qui émaillent son compte rendu de L’Éloge de Colbert par Necker pour la Correspondance littéraire (septembre 1773).

Dans l’article ARGENT qu’il donne pour l’Encyclopédie, Diderot s’intéresse au métal qui a donné son nom à un terme devenu très tôt générique (un autre article ARGENT non signé - mais qui pourrait bien être du chevalier de Jaucourt, lequel rédige un intéressant article MONNOIE - considérant cette fois le « terme générique », explique, après avoir distingué sa valeur idéale de sa valeur réelle, que « l’argent est une richesse de fiction »). Pour autant, Diderot n’omet pas de consacrer un développement aux mines d’argent des Amériques et aux conditions de travail « funeste[s] à la plupart des ouvriers », ainsi qu’à la « servitude » à laquelle les Indiens de Potosi sont soumis.

On pourra encore s’intéresser aux commentaires de Diderot sur l’absence de l’argent dans l’utopie tahitienne et dans les sociétés de « sauvages » en général ; à la discussion sur le luxe (et à la réflexion qu’il consacre à sa propre fortune personnelle et à son changement de statut entre le temps où, comme le dit le neveu de Rameau, il avait encore « du foin dans ses bottes », et celui où il se prend à regretter sa vieille robe de chambre) ; à la figure de Diogène ; à la figure de Sénèque et aux commentaires sur « l’opulence » du philosophe stoïcien dans l’Essai sur les règnes de Claude et de Néron.

On pourra aussi se pencher sur la représentation que Diderot se fait du « métier » de philosophe, et plus généralement à la valeur (marchande, non marchande, du savoir), et à ce que Marcel Hénaff appelle « le prix de la vérité », notamment à partir de l’exemple de Socrate (Marcel Hénaff, Le Prix de la vérité. Le don, l’argent, la philosophie, Le Seuil, 2002).

Les articles sur le rôle de l’argent dans les textes de fiction de Diderot sont bien évidemment attendus, qu’il s’agisse des histoires de fortune conquise ou perdue dans Jacques le fataliste, de l’argent qu’on convoite ou au contraire que l’on méprise dans Les deux amis de Bourbonne et dans les trois contes, de l’or « qui est tout ! » dans Le Neveu de Rameau, de la place de l’argent dans les structures sociales et familiales telles qu’elles sont dépeintes dans les drames comme Le Fils naturel et Le Père de famille, du rôle de l’argent dans le rapport que la société entretient avec les arts dans les Salons où la question du luxe est très présente.

On pourra encore considérer la place et le rôle de l’argent dans les articles que Diderot donne pour l’Encyclopédie, comme dans certains textes philosophiques (la Réfutation d’Helvétius, l’Entretien d’un père avec ses enfants, l’Essai sur les règnes de Claude et de Néron) ou politiques (la Lettre sur le commerce des livres, l’Apologie de l’abbé Galiani, les Pensées détachés, le Plan d’une université, les Observation sur le Nakaz, l’Histoire des deux Indes…), mais aussi dans la Correspondance littéraire, sans oublier bien sûr sa propre Correspondance publique et privée.

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Prière d’envoyer votre proposition, comportant un résumé d’une page maximum, à Stéphan Pujol, responsable du dossier, avant le 30 septembre 2018 (pujolstephan@gmail.com).

Les auteurs des propositions seront informés du résultat de la sélection avant la fin du mois d’octobre. La date limite de réception des textes définitifs, conformes aux normes de la revue (https://journals.openedition.org/rde/), est fixée au 31 janvier 2019.