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Culture Godot. 1989-2019 : trentième anniversaire de la disparition de Samuel Beckett (Paris)

Culture Godot. 1989-2019 : trentième anniversaire de la disparition de Samuel Beckett (Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Marjorie Colin et Yannick Hoffert)

Culture Godot

1989-2019 : trentième anniversaire de la disparition de Samuel Beckett

Colloque national

Paris – 22 et 23 novembre 2019

 

Trente ans après sa disparition, Samuel Beckett reste principalement, dans la culture contemporaine, l’auteur d’En attendant Godot. Sans mésestimer ni l’intérêt ni l’audience du restant de l’œuvre théâtrale, romanesque, poétique, théorique, il faut constater que cette pièce a suffi à faire la célébrité de l’auteur et demeure son œuvre la plus jouée, la plus lue, la plus commentée – la plus réécrite également. On connaît le succès inattendu remporté par la pièce l’année de sa création au Théâtre de Babylone (1953), ainsi que sa diffusion rapide sur les scènes européennes et américaines. En attendant Godotest devenu un phénomène mondial, au point de devenir une référence évidente de notre époque, aussi bien au sein de la culture théâtrale que dans le cadre de la culture populaire. La pièce étant elle-même nourrie aussi bien de références savantes que de références populaires, le colloque « Culture Godot » a pour objectif d’interroger cette double inscription.

En attendant Godot dans la culture savante

Un premier plan de l’étude proposée concerne la place productive d’En attendant Godot dans la culture théâtrale légitime et, au-delà, dans la culture lettrée. La pièce y apparaît à la fois comme une référence permanente et comme une puissante source d’inspiration.

             La « culture Godot » à la scène

Le projet du colloque est notamment d’enquêter sur la manière dont s’est constituée et a évolué une tradition de mise en scène de la pièce. L’on pourra s’interroger sur les tendances de la mise en scène et sur leurs variations, par exemple entre l’entrée métaphysique et l’entrée politique, cette dernière apparaissant avec netteté dans un certain nombre de projets contemporains. Par exemple, en 2018, la pièce est lue et jouée en plein air, le long de la frontière nord-irlandaise, comme une manière de répondre aux problématiques du Brexit (Walking for Waiting for Godot). L’œuvre apparaît également comme une matrice de créations de plateau. May B de Maguy Marin, spectacle qui donne notamment place à deux figures directement inspirées de Pozzo et Lucky, connaît un succès ininterrompu depuis sa création en 1981. La toute récente création Yes Godot du metteur en scène irakien Anas Abdul Samad illustre l’actualité et la vitalité scénique et politique de la « culture Godot ».

En attendant Godot et la culture de la réécriture

Au-delà de la multiplicité des créations scéniques, une quantité notable de pièces plus ou moins directement et explicitement inspirées d’En attendant Godotmérite d’être identifiée (Harold Pinter, Le Monte-plats, 1960 ; Tom Stoppard, Rosencrantz et Guildenstern sont morts, 1966 ; Miodrag Bulatovic, Godot est arrivé, 1966 ; Jean-Claude Grumberg, Chez Pierrot, 1978 ; Daniel Curzon, Godot arrives, 1999 ; Jon Fosse, Quelqu’un va venir, 1999 ; Spiro Scimone, Bar, 2002 ; Minoru Betsuyaku, Voilà Godot !, 2007). Au-delà même de ces pièces « godotoïdes », l’on pourra interroger la manière dont le monde théâtral évoque Godoten tant qu’emblème d’un « autre théâtre » construit sur les envers de la tradition « postclassique » (Michel Corvin), voire en tant que pièce matricielle. Enfin, la présence d’En attendant Godot dans un roman contemporain (Yannick Haenel, Les Renards Pâles, 2013) attire l’attention.

En attendant Godot et la culture populaire

En attendant Godot a pris une place qui dépasse la sphère strictement théâtrale et littéraire. Le colloque « Culture Godot » a également pour objectif d’interroger cette autre scène d’En attendant Godot : la culture populaire.

            Godotet ses sources populaires

Il faut rappeler que la pièce puise avec force dans les cultures populaires. La chanson de Vladimir, au début du deuxième acte, reprend une comptine allemande célèbre (« Ein Hund kam in die Küche »). Les références à des formes populaires de spectacle (cirque, pantomime, farce, burlesque cinématographique) sont nombreuses. L’écriture des personnages, des corps, de leur rapport aux objets se nourrit de ces arrière-plans. Une étude des manières dont Godot emprunte à ces cultures, et notamment à la culture clownesque, pourra aussi permettre d’apporter un éclairage sur le destin populaire de la pièce. 

Popularité de Godot

En attendant Godot ne s’est pas seulement imposée comme un « classique » de notre époque : la pièce est devenue une référence commune dans la culture contemporaine. L’expression « attendre Godot » est entrée dans le langage courant. Des traces s’en trouvent régulièrement dans la presse écrite. La culture populaire s’amuse de jeux de détournement. Dès 1956, sous le nom de Jean Amila, paraît, dans la « Série Noire » de Gallimard, un roman intitulé Sans attendre Godot. Parmi les nombreuses parodies que suscitent tout naturellement le succès et la singularité de la pièce, la séquence Waiting for Elmoproposée par l’émission Sesame Streeta été souvent remarquée. Le dessinateur David Vandermeulen publie en 2002 une bande dessinée intitulée En montant Godot. L’écrivain britannique Mark Mills obtient un succès international avec un « feel-good book » intitulé Waiting for Doggo (2014). Un jeu vidéo au second degré, adapté d’En attendant Godot et fondé sur l’absence d’action, circule en ligne. La liste est loin d’être exhaustive. Ces références multipliées invitent à interroger ce que représente En attendant Godot dans la culture d’aujourd’hui. Symbole d’une culture snob par rapport à laquelle il est souhaitable de prendre distance ? Outil de lecture du réel ? Révélateur d’un rapport contemporain à l’action, au projet, au temps, à autrui ? Les devenirs « pop » de la pièce de Beckett méritent que l’on s’y arrête.

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Le colloque rassemblera des contributions s’inscrivant dans ces perspectives. L’on pourra par exemple travailler autour des axes suivants, sans exclusivité :

Ce que représente En attendant Godotdans la culture contemporaine : de quoi Godot est-il le nom ? 

- Quelle(s) vitalité(s) de la pièce ? 

- Jouer Godot en Europe de l'est : Beckett-politique.

- Les enjeux métaphysiques/esthétiques/religieux des mises en scène contemporaines.

- Intertextes de Godot.

- Godot pour rire : de l'allusion au parodique.

- Les sources populaires de la pièce.

- Postérité de Godot : quels enjeux ? Quels éclairages ? 

- Godot et la chanson.

- Godot « pop ».

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Comité scientifique : 

  • Catherine Brun
  • Bruno Clément
  • Jeanyves Guérin
  • Marie-Claude Hubert
  • François Noudelmann

Comité d'organisation :

  • Marjorie Colin (Université Paris 3)
  • Yannick Hoffert (Université de Lorraine)

Les propositions de communication au format word (entre 1500 et 2000 signes) comporteront le titre provisoire et seront accompagnées d'une courte notice bio-bibliographique. Celles-ci devront être envoyées au comité d’organisation avant le 1er juin 2019 à l'adresse suivante : culturegodot@gmail.com

Date de réponse aux propositions : 5 juillet 2019.