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La Charte de Kurukan Fuga : enjeux et perspectives (Kangaba, Mali)

La Charte de Kurukan Fuga : enjeux et perspectives (Kangaba, Mali)

Publié le par Romain Bionda (Source : université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan)

Argumentaire :

La Charte du Manden, Charte du Mandé, Charte de Kurukan Fuga, ou encore, en langue malinké, Manden Kalikan est la transcription d’un contenu oral, lequel remonterait au règne du premier souverain Soundiata Kéïta. Solennellement proclamée le jour de l'intronisation de ce souverain comme Empereur du Mali à la fin de l’année 1236, reconstituée de façon écrite en 1998 grâce à une initiative conjointe du Centre d’Études Linguistiques Historiques et de Tradition Orale (CELTHO) de Niamey (Niger) et d’une ONG suisse (Inter­Média Consultants), et inscrite en 2009 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, la Charte de Kurukan Fuga contient un nombre important de prescriptions qui relèvent de la problématique moderne des droits humains, du développement, de la gouvernance, de l’État de droit, de la diplomatie, etc.

Même si son authenticité est parfois contestée par des universitaires, tels que Jean-Loup Amselle ou Francis Simonis, qui « estiment qu'il s’agit d'une reconstruction contemporaine inspirée par l'idéologie afrocentriste », cette Charte est considérée par ses promoteurs, au même titre que la Magna Carta produite en 1215 en Angleterre, comme l'une des plus anciennes références concernant les droits fondamentaux inhérents à la personne humaine ; mieux, elle est vue comme la première « Déclaration Universelle des Droits de l’Homme », bien avant celle de 1948 élaborée dans le cadre de l’ONU. En effet, on y trouve les notions de respect de la vie humaine, de droit à la vie, les principes d'égalité et de non-discrimination, de liberté individuelle et collective, de justice, d'équité et de solidarité. Selon Djibril Tamsir Niane, « la cohérence de la pensée, la clarté des objectifs visés et l’esprit législateur qui animent » cette Charte en font « un document inestimable qui exprime avec force, la volonté de statuer sur le devenir de la société avec le souci très souligné de fonder des règles de vie commune et surtout d’établir entre les membres d’une même famille, entre les clans, entente et convivialité ». Car, poursuit-il, l’objectif principal de la Charte du Kurukan Fuga, « c’est la recherche de la paix, la recherche d’une paix durable ».

Trait d’union entre les peuples du Manding, cette Charte est l’acte fondateur et le socle de l’unité de ce qui deviendra l’un des plus grands et puissants Empires de l’Afrique Noire, sur les plans économique, social et culturel. Au moment où le continent africain est en butte à des tribulations de tous ordres, s’interrogeant à bon droit sur son avenir, remettre au goût du jour cet instrument pourrait, nous semble-t-il, ne pas être inutile. Lue à la lumière des temps présents, la Charte du Kurukan Fuga ouvre donc de nombreuses perspectives pour (re)penser l’organisation sociale, politique, économique et culturelle de l’Afrique moderne.

Ainsi, quel message nous livre cette Charte ? Quels enseignements pouvons-nous en tirer ? Et comment peut-elle être mise à contribution pour faire face aux problèmes socio-économiques, politiques et culturels des sociétés africaines contemporaines ?

Le Colloque international de Bamako : “La Charte du Kurukan Fuga : enjeux et perspectives”, se pose ces questions et tentera d’y apporter, si possible, des éléments de réponse. Aussi, ce colloque qui propose une approche pluridisciplinaire de la Charte du Kurukan Fuga, souhaite recevoir toute contribution d’ordre anthropologique, économique, historique, littéraire, philosophique, politique, sociologique, etc. À titre indicatif, nous proposons les axes suivants :

  • La modernité de la Charte de Kurugan Fuga ;
  • Ses représentations littéraires ;
  • Son histoire, sa portée politique, philosophique et sociale ;
  • Sa géographie ;
  • Son apport dans l’économie africaine ;
  • Sa portée irénique (alliance et parenté à plaisanterie)
  • Etc.

Les résumés des communications (qui ne devront pas dépasser 300 mots) seront envoyés, par courrier électronique, au plus tard le 31 mars 2018, aux adresses suivantes : colloquekurukanfuga2018@gmail.com / meitekfr@gmail.com / oudidiam55@gmail.com

Le comité scientifique donnera son avis au plus tard le 15 avril 2018. 

Date du colloque : 5-8 juillet 2018.

Circuit touristique à Kangaba

En marge du colloque, une visite guidée aura lieu à Kangaba le dimanche 08 juillet 2018 sur le site de Kurukan Fuga, où les participants auront ainsi l’occasion, pour ceux qui n’ont jamais eu cette occasion, de voir la case sacrée et bien d’autres curiosités ancestrales en lien avec l’empire manding du moyen-âge.

Bibliographie indicative

  ADAMOU Amadou Saïdou, « Pour une renaissance du Mali : le détour des discours de l’empire, Sudlangues, Revue électronique des Sciences du Langage, no26, Décembre 2016, [en ligne] http://www.sudlangues.sn/IMG/pdf/Pour_une_Renaissance_du_Mali_DA_c_tour_M.pdf.

  AMSELLE Jean-Loup, « L’Afrique a-t-elle “inventé” les droits de l’homme ? », Syllabus Review, n°2, 2011, p. 446-463.

  CAMARA Seydou, « La tradition orale en question », Cahiers d'études africaines, n°144, 1996, p. 763-790, [en ligne] http://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1996_num_36_144_1867.

  CELTHO (collectif), La Charte de Kurukan Fuga. Aux sources d'une pensée politique en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2008.

  CISSÉ, Youssouf Tata, Wa Kamissoko, La grande geste du Mali - Des origines à la fondation de l'empire, Paris, Karthala, coll. « Hommes et Sociétés », 2000.

  JOLLY Éric, « L’épopée en contexte. Variantes et usages politiques de deux récits épiques (Mali/Guinée) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, n°4, 2010, p. 885-912.

  NIANE Djibril Tamsir, « Recherches sur l'Empire du Mali au Moyen Âge », Recherches africaines, n°1, janvier 1959 p. 6-56.

  NIANE Djibril Tamsir, « Histoire et tradition historique du Manding », Présence africaine, n°89, 1974, p. 59-74.

  NIANE Djibril Tamsir, « La charte de Kurukan Fuga. Aux sources d’une pensée politique en Afrique », Leçon inaugurale, Université Gaston Berger de Saint-Louis, 2009, [en ligne] http://caremali.com/docs/prof_djibril.pdf.

  SIMONIS Francis, « L'âme de l'Afrique - Épopée, contes et légendes », Le Point Références, novembre- décembre 2012, p. 70-71.

  SIMONIS Francis, « La charte du Mandén ou l'instrumentalisation du passé africain », Propos recueillis par Vincent Hiribarren, Libération Africa 4. Regards croisés sur l’Afrique, 15 avril 2015, [en ligne] http://libeafrica4.blogs.liberation.fr/2015/04/15/la-charte-du-manden-ou-linstrumentalisation-du-passe-africain/.

  • Responsable :
    Méïté Méké
  • Adresse :
    Université des Lettres et Sciences Humaines de Bamako