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Colloque : « Lumière matière » (Lille, Venise) 

Colloque : « Lumière matière » (Lille, Venise)

Colloque # 1 : « Lumière matière »,

Lille du 7 au 8 novembre 2019 / Venise 16-17 janvier 2020

LdS – Lumière de Spectacle
Centre d’Etude des Arts Contemporains – CEAC – EA 3587
Université de Lille

 

PRÉSENTATION

Colloque organisé par le groupe de recherche «Lumière de Spectacle» (LdS), dirigé par Véronique Perruchon - Université de Lille - CEAC et Cristina Grazioli, Université de Padoue.

Ce premier colloque, à vocation bilatérale Franco-Italienne, se déclinera en deux phases qui se dérouleront, l’une à l’Université de Lille (7-8 novembre 2019), l’autre à la Fondazione Giorgio Cini de Venise, sous l’égide de l’Université de Padoue et du Istituto per il Teatro e il Melodramma (16-17 janvier 2020).

L’objectif principal du programme LdS est de créer et de promouvoir une culture universitaire de la lumière du spectacle vivant à partir de sa dimension artistique. C’est pourquoi les aspects techniques de la lumière rapportés à la question de l’éclairage scénique sont inclus dans son étude esthétique et historique.

Le colloque, premier volet d’autres à venir sur la période 2019-2024, abordera la « Lumière Matière » en interaction avec les composantes scéniques (corps, couleur, mouvement, texte, son, espace, temps, etc.). En invitant les communicants à nous rejoindre sur ce domaine spécifique, nous souhaitons explorer ensemble la dramaturgie de la lumière, sa plasticité et sa théâtralité.
Cette recherche ciblée du domaine des arts de la scène pourra se voir complétée par des apports d’autres domaines scientifiques sur la « lumière matière ».

 

ÉTAT DE L'ART

« Lumière matière » est une association qui ne va pas nécessairement de soi. Dans le champ artistique, la lumière fait l’objet d’une approche équivoque selon qu’elle est considérée dans sa matérialité d’un point de vue technique ou selon que l’on considère son immatérialité. Cette ambivalence fait écho à celle de l’histoire scientifique entre lumière corpusculaire et lumière ondulatoire.

Dans la glose critique, lorsque la lumière est considérée comme une matière, elle est intégrée au champ des arts plastiques et s’analyse en termes signifiants avec les outils de l’iconologie. On questionne la manière dont elle éclaire un objet représenté dans un tableau et on en cherche la signification ; ce que traverse précisément Victor I. Stoichita dans sa Brève Histoire de l’ombre et les ouvrages Shadows and Enlightenment de Michael Baxandall et Faszination Licht: Licht auf der Bühne de Max Keller. On s’intéresse également à ses phénomènes physiques et à la construction du champ de vision, aussi bien dans l’image plane que dans les installations (Olafur Eliasson aujourd’hui, mais plusieurs artistes dès la deuxième moitié du XXe siècle : Bruno Munari, Nicolas Schöffer…  ).

Lorsqu’on s’intéresse à l’immatérialité de la lumière, celle-ci est analysée avec les outils de la philosophie qui généralement ressortent d’une analyse de l’image. On s’interroge, à l’instar de Georges Didi-Huberman, sur l’apparence et le visible, jusqu’à entrer avec Max Milner dans le champ obscur de la représentation du monde et de l’être au monde depuis le mythe de la caverne de Platon.

L’autre ambivalence de la lumière scénique est sa double dimension technique et esthétique qui s’est cristallisée au XIXe siècle autour du débat entre la nécessité d’éclairer pour bien voir la scène et les choix esthétiques. Cette question historique a évolué au cours du XXe siècle, trouvant l’articulation subtile et nécessaire entre les deux pôles de la lumière - l’art et la technique (C. Grazioli, 2008). Alchimie qui résout également l’apparente contradiction entre les deux régimes de la lumière : sa part fonctionnelle que recouvre le terme « éclairage », et sa puissance créatrice et évocatrice qu’incarne depuis Appia celui de « lumière ».

Cependant, la dimension technique de la lumière scénique en fait un obstacle à l’intérêt qu’elle mérite. Aborder la lumière dans sa matérialité scénique amène rapidement à se confronter à cette difficulté. C’est pourquoi la lumière en tant que donnée immatérielle est généralement privilégiée bien qu’abordée à l’aide de métaphores. Ce qu’invitent à faire les dimensions sensibles et sensorielles de la lumière dans les arts plastiques, notamment dans les œuvres lumineuses de James Turrell où le « spectateur » pénètre pour éprouver et ressentir les effets de l’interaction avec la lumière. Bien que le spectateur de spectacle vivant reste physiquement à distance de la scène et donc de la lumière, il a également souvent recours au langage poétique pour parler de l’effet de la lumière et de son ressenti : il sera question d’atmosphère, d’ambiance, de sensation.

En revanche, la lumière semble plus facilement abordable lorsqu’elle ponctue un événement scénique, un changement dramatique, lorsqu’elle marque un changement de rythme ou d’intensité. Sa matérialité apparente en fait une composante qu’il devient possible de prendre en compte. Le contexte actuel montre bien, en regard de l’histoire du théâtre, que la lumière a pris une importance primordiale : plus de décors, peu de costumes, la lumière s’est développée, y compris en incluant l’art vidéo.

Pourtant la lumière passe souvent inaperçue. Sa matérialité se perd dans un aperçu globalisant qui en exclue la densité. Partie prenante de la mise en scène, intentionnellement en lien à la dramaturgie, mais surtout esthétiquement et plastiquement dans sa réalité dramatique, la « lumière matière » est réalité scénique et composante à part entière. Qu’elle disparaisse derrière l’action scénique ou qu’elle renvoie aux modulations informelles – voire abstraites -, la lumière devient invisible. Est-elle pour autant immatérielle ? Que dire des LED (Light Emitting Diode) aux couleurs changeantes employées par Claude Régy pour Ode Maritime ? Ses changements, subtilement conduits, ne sont perçus par l’œil qu’à l’arrivée d’un nouvel état lumineux. La lumière diffuse se manifeste comme une onde, ce qu’elle est, avec ses mouvements et son rayonnement.

 

BIBLIOGRAPHIE

Michael Baxandall, Shadows and Enlightenment, Yale University Press, Haven & London, 1995.
Georges Didi-Huberman, L’Image ouverte, motif de l’incarnation dans les arts visuels, Gallimard, Paris, 2007.
Cristina Grazioli, Luce e ombra: Storia, teorie e pratiche dell'illuminazione teatrale, Laterza, Bari, 2008.
Max Keller, Faszination Licht: Licht auf der Bühne, Prestel, München, 2010.
Bernard Maitte, Une histoire de la lumière, de Platon au photon, éditions du Seuil, Paris, 2015.
Max Milner, L’Envers du visible, Essai sur l’ombre, Éditions du Seuil, Paris, 2005.
Véronique Perruchon, Noir. Lumière et théâtralité, Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve d’Ascq, 2016.
Victor I. Stoichita, Brève histoire de l’ombre, Librairie Droz, Genève, 2000.

 

COMMUNICATIONS

Le colloque propose de réfléchir à la matérialité de la lumière dans l’interaction avec les composantes scéniques, dans sa matérialisation même, et dans son immatérialité, aussi bien que dans le « noir » (V. Perruchon, 2016), qu’elle soit diffuse ou non, d’origine numérique ou naturelle. Indéniablement, entre signifiance et métaphore, la lumière scénique dans sa dimension esthétique peut être abordée de manière concrète sans nier l’intensité de la part réflexive qu’elle suggère. Le colloque « lumière matière » doit permettre de construire une réflexion, de se donner les moyens de parler de la lumière scénique et de souligner sa spécificité parmi les composantes de la scène. A travers l’investigation de sa dimension matérielle et de sa vocation immatérielle, elle sera mise en résonance avec les domaines physique, plastiques et esthétique.


Les contributeurs seront invités à explorer les enjeux de l’interaction de la lumière et de la matière à travers 3 axes :
1 : Interactions de la lumière avec les composantes scéniques.
2 : Matérialités de la lumière scénique.
3 : Immatérialité de la lumière scénique.

Il nous semble essentiel de mettre en commun les recherches spécifiques sur la lumière de spectacle en apportant à la fois une réflexion théorique et un regard esthétique ou technique sur l’actualité tout en laissant parler l’histoire.

Modalité de soumission
Les propositions peuvent être soumises en français, anglais, italien ou allemand. Elles doivent être présentées sous format Word (« .doc » ou « .docx », et non pas « .pdf »), et comprendre :

le nom complet ;
un court CV (5 lignes maximum) ;
- le pays et l’institution ;
- l’adresse mail ;
- le titre de la communication ;
- un résumé de 350 mots maximum.

La durée des communications ne devra pas dépasser les 30 minutes.
Des présentations performées, des tables rondes ou des formats atypiques sont bienvenus.

Droits d’inscription :
Les droits d’inscription seront pris en charge par les participant.e.s (présentant une communication ou assistant au congrès), selon l’usage des congrès internationaux. Le montant exact des droits dépendra en partie du nombre de participants, et sera confirmé au moment de la notification des résultats de la sélection. Il ne dépassera cependant pas 50 € pour les professionnels et 25 € pour les étudiants.

Date limite d’envoi :
Les propositions de contribution seront soumises avant le 20 novembre 2018 à l’adresse suivante : antonio.palermo@univ-lille.fr.
Le comité scientifique se réserve le choix de repartir les participant•e•s selon le volet de Lille ou de Venise.
Les réponses d’acceptation du comité d’organisation seront envoyées après le 7 décembre 2018.

Comité scientifique
Maria Ida BIGGI (Université Ca’ Foscari/Istituto per il Teatro e Melodramma, Fondazione Cini - Venise)
Nathalie DELBARD (Université de Lille)
Sandrine DUBOUILH (Université Bordeaux-Montaigne)
Cristina GRAZIOLI (Université de Padoue)
Claude JAMAIN (Université de Lille)
Pierre LONGUENESSE (Université d’Artois)
Ariane MARTINEZ (Université de Lille)
Véronique PERRUCHON (Université de Lille)

Responsables du colloque
Cristina GRAZIOLI (Université de Padoue)
Véronique PERRUCHON (Université de Lille)

Organisation
Cristina GRAZIOLI (Université de Padoue)
Antonio PALERMO (Université de Lille)
Véronique PERRUCHON (Université de Lille)