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Appels à contributions
Claude Cahun et Marcel Moore à la croisée des approches et des disciplines. Dialogue intercontinental (CNRS Paris)

Claude Cahun et Marcel Moore à la croisée des approches et des disciplines. Dialogue intercontinental (CNRS Paris)

Publié le par Olivier Belin (Source : Eve Gianoncelli)

Colloque international

Claude Cahun et Marcel Moore à la croisée des approches et des disciplines. Dialogue intercontinental

CNRS Site Pouchet, Paris

25-26 juin 2018

Appel à communications

 

Ce colloque a pour ambition de revenir sur le parcours de l’artiste et intellectuelle Claude Cahun (1894-1954), figure des avant-gardes des années 1920-1930. Ecrivaine, journaliste, pamphlétaire, photographe, épistolière, Claude Cahun a multiplié les registres d’expression. Inconnue sortie de l’oubli par un homme, François Leperlier, au moment où sa production photographique, centrée sur l’autoportrait a commencé à circuler internationalement, dans les années 1980, et en particulier à être redécouverte par des féministes, elle a donné naissance à des investissements pluriels, qui ont pu se traduire par des lectures contradictoires, toujours passionné.e.s, que ce colloque aimerait permettre de démêler, en rassemblant des chercheur.e.s de toutes disciplines, mais aussi des artistes et en faisant dialoguer des perspectives souvent pensées à côté les unes des autres.

Issue de la bourgeoisie intellectuelle, nièce de l’écrivain et figure majeure du symbolisme Marcel Schwob (1867-1905), Claude Cahun a laissé une œuvre multiforme, bien que trop de scrupules, « de multiples et faibles ambitions », selon ses mots, l’aient empêchée de publiciser son travail. Elle est notamment l’auteure d’une « anti-autobiographie », intitulée Aveux non avenus (1930), d’un pamphlet et réquisitoire contre Aragon qui interroge les rapports entre poésie et politique, Les Paris sont ouverts (1934). Au moment de son entrée dans le surréalisme, par rapport auquel elle occupera en réalité toujours une position dedans/dehors, elle s’investit dans les différentes activités du groupe : interventions politiques, travail sur l’objet, mises en scène photographiques, etc.

Organisé sur une journée et demie et inaugurée par deux conférences de commentatrices majeures de l’œuvre et de la vie de Cahun, mais aussi de Suzanne Malherbe/ Marcel Moore, sa compagne de vie et de production (notamment Tirza True Latimer, California College of the Arts), ce colloque s’inscrit dans une perspective pluridisciplinaire, internationale et féministe qui constitue dans cette articulation une première en France. Quatre axes ont été retenus.

Axe 1: Les registres de l’œuvre

L’œuvre de Cahun a souvent été appréhendée comme faisant preuve d’une grande cohérence interne, en raison de ce qui est perçu comme une attention renouvelée à des thématiques spécifiques (l’exploration subjective, les questions de genre, de sexualité, de race en particulier). Pourtant Claude Cahun a utilisé différents médias. Il s’agit d’abord de s’interroger sur cette supposée continuité et de comprendre ce que cet usage pluriel peut précisément révéler de la pratique artistique cahunienne. Peut-on véritablement parler d’une unité de l’œuvre et, si tel est le cas, quels en sont les ressorts ?

Axe 2: le politique

Claude Cahun a problématisé les rapports de pouvoir (de genre, de sexualité, de race) en même temps qu’elle a multiplié les registres d’intervention, aussi bien à travers des manifestes signés avec les surréalistes que son activité de résistance menée, avec sa compagne, l’artiste plasticienne Suzanne Malherbe/ Marcel Moore face à l’occupant nazi sur l’île de Jersey où elles ont mené, selon les mots de Cahun, une « activité surréaliste militante » en confectionnant des objets, des tracts, diffusé de fausses informations, et même rédigé un journal pour provoquer le trouble chez l’ennemi. Il s’agit en somme non pas seulement de prendre pour acquis mais de réfléchir à travers son activité plurielle aux implications de l’assertion selon laquelle « l’art est politique ».

Axe 3 : le travail à deux

La singularité de Claude Cahun a pu rendre difficile la redécouverte de sa compagne de vie et de production, Suzanne Malherbe/Marcel Moore, qui a réalisé avec elle, mais également seule, des œuvres encore largement méconnues. La reconnaissance du rôle du couple dans la production cahunienne a également pu, non sans paradoxe, favoriser la lecture d’une Claude Cahun exceptionnelle et la mise en avant du caractère subversif d’une femme se situant résolument à l’avant-garde. Il s’agit alors dans cet axe d’étudier davantage les ressorts de cette collaboration. Une comparaison du couple Cahun/Moore avec d’autres couples créateurs pourrait ici être envisagée.

Table ronde finale : le rapport à « l’objet Cahun »

En raison des débats passionnés auxquels Cahun a donné naissance, il s’agira enfin de permettre une confrontation de chercheur.e.s et d’artistes venant de différentes disciplines, usant de différentes approches, adoptant des points de vue différenciés et entretenant ainsi un rapport spécifique à l’objet Cahun. Restituer ces points de vue de construction de l’objet, sans rien nier des affects qui peuvent y intervenir, mais en les prenant au contraire au sérieux, permettrait de comprendre non seulement ce que le point de vue du sujet connaissant ou de création fait à Claude Cahun, mais aussi, en retour, ce que Claude Cahun fait à ce sujet.

Comité scientifique : Michel Carrassou (Editions Non Lieu), Fabienne Dumont (EESAB, Quimper), Eve Gianoncelli (Université Paris 8, CRESPPA-GTM), Géraldine Gourbe (ENSBA, Dijon), Caroline Ibos (Université Rennes 2, Legs), Laurie Laufer (Université Paris 7, CRPMS), Michael Löwy (CNRS, Césor), Pascale Molinier (Université Paris 13, UTRPP), Eleni Varikas (Université Paris 8, CRESPPA-GTM)

Comité d’organisation : Eve Gianoncelli et Pascale Molinier

Soumission des propositions : Les propositions de communication, en français ou en anglais, d’une longueur de 500 mots, sont attendues avant le 31 mars 2018 et devront être envoyées à eve.gianoncelli@hotmail.fr et pascale.molinier@gmail.com

 

International Symposium

Claude Cahun and Marcel Moore at the Crossroads of Approaches and Subjects. An Intercontinental Dialog

 CNRS Pouchet, Paris

25-26 june 2018

Call for Papers

This symposium aims to investigate the itinerary of the woman artist and intellectual Claude Cahun (1894-1954), the avant-garde figure. Claude Cahun expressed herself through multiple media. Unexplored for a long time, she was rediscovered by a man, her first and main biographer, François Leperlier, while her photographical production began to be spread around the world in the 1980s and to increase her exposure to the feminists. She explored many topics and worlds which led to contradictory and passionate readings, issues that this symposium would like to address, by gathering scholars of any disciplines but also artists, thus opening up a space for exchanging views from perspectives which are often elaborated apart.

Born in the intellectual bourgeoisie, the nephew of the writer and figure of symbolism Marcel Schwob (1867-1905), Claude Cahun left a multiform work although too many qualms, “multiple and feeble ambitions” as she called them prevented her from displaying her activity. She notably wrote an “anti-autobiography” entitled Disavowals (1930), a lampoon against Louis Aragon, Bets are open (1934) questioning the relationships between art and politics. When she joins the surrealist movement in the 1930s, to which she actually always occupied an Inside/Outside position, she becomes involved in the different activities of the group: political commitments, exploration of the object, photographical mise en scenes, and so on.

A one and a half day symposium, opened by two main conferences held by leading scholars on Cahun’s work (notably Tirza True Latimer, California College of the Arts), this symposium is conceived in a multidisciplinary, international and feminist perspective, an articulation which is the first one to be proposed in France. Four main axes have been chosen.

Axis 1: The Exploration of the Work

Cahun’s work has often been comprehended as being very coherent because of what has been perceived as a continuous and renewed attention to specific themes (subjective exploration, gender, sexuality and race issues in particular). Nevertheless, Cahun used differing media. This axis aims first to question this supposed continuity and to understand what this plural use can reveal of the specific cahunian artistic practices. Can we really talk about a unity of her work and, if so, what are its characteristics?

Axis 2: Politics

Claude Cahun defined the problem of power relationships (gender, race, sexuality in particular) while she committed herself in multiple ways, through petitions signed with the surrealists but also through the activity of resistance she led with her partner Suzanne Malherbe/Marcel Moore against the Nazi enemy on the island of Jersey during World War Two, that Cahun qualified as “a surrealist activist activity”. The two women made objects, leaflets, spread fake news to disturb the enemy. We would like here not to assume but rather to reflect upon the assertion according to which ‘art is politics’.

Axis 3: Partnership in the Work

What has been perceived as Cahun’s singularity impeded the rediscovery of her partner Suzanne Malherbe/ Marcel Moore who produced with her, but also on her own, a work which remains largely unknown. The recognition of the couple in the process of creation also paradoxically fostered the reading of Cahun as an exceptional figure and the displaying by scholars of the definitely subversive character of an avant-garde woman. This axis will thus be devoted to the resources of collaboration. A comparison between Cahun/ Moore partnership and other couples could be here investigated.

Final Roundtable: the Relationship to the “Object” Cahun

Because Cahun’s gave birth to passionate debates, a final roundtable will be dedicated to a dialog between scholars and artists situated in different disciplines, using different approaches, adopting differing viewpoints and thus having a particular relationship to the “object” Cahun. Displaying these standpoints which construct the object without denying the emotions which may be implied in, but, on the contrary, taking them seriously, will allow to understand how standpoints may act upon the object but also what the “object” Cahun itself can do to them.

Scientific committee: Michel Carrassou (Editions Non Lieu), Fabienne Dumont (EESAB, Quimper), Eve Gianoncelli (Université Paris 8, CRESPPA-GTM), Géraldine Gourbe (ENSBA, Dijon), Caroline Ibos (Université Rennes 2, Legs), Laurie Laufer (Université Paris 7, CRPMS), Michael Löwy (CNRS, Césor), Pascale Molinier (Université Paris 13, UTRPP), Eleni Varikas (Université Paris 8, CRESPPA-GTM)

Organizing committee: Eve Gianoncelli and Pascale Molinier

Submission of Proposals: Proposals (500 words) are expected by March 31, 2018 and will be sent to eve.gianoncelli@hotmail.fr and pascalemolinier@gmail.com