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Appels à contributions
Cinéma et arts plastiques (revue Marges)

Cinéma et arts plastiques (revue Marges)

Publié le par Marc Escola (Source : Pauline Nobécourt)

Appel à contribution pour le n° 31 de la revue d’art contemporain Marges

 

Cinéma et arts plastiques

 

L’histoire de l’art récente voit nombre d’œuvres cinématographiques gagnées par les arts plastiques et réciproquement. Ce mouvement de vases communicants, pour être perçu dans sa fécondité, est à envisager de plusieurs façons. Il y aurait quelque légitimité à le penser dans sa dimension profonde d’ « influence » (aborder le cinéma par le prisme de ce qu’il doit aux arts plastiques et inversement). On pourrait alors s’attacher à montrer comment certaines démarches artistiques en sont venues à se renouveler au contact d’images en mouvement, déclinées sur grand, puis sur petit écran. Cette remarque pourrait s’énoncer en retournant les rôles, puisque l’écriture filmique se nourrit  aussi des recherches menées du côté des autres arts. Sans doute est-ce en termes de passages et de porosités, de contamination et de résonances, qu’il convient de caractériser cette relation.

Pour autant, considérer les arts plastiques et le cinéma au niveau de leur production, c’est aussi se confronter à des méthodes de travail à certains égards opposées. Car, ainsi qu’André Malraux l’avait fait remarquer, le cinéma est un art, mais c’est aussi une industrie. Un équivalent de la figure du créateur isolé, retranché dans son atelier, semble difficile à concevoir dans le domaine du cinéma, compte tenu des moyens matériels et humains qui y sont mobilisés. Autour de la figure du réalisateur, gravite une pluralité de métiers complémentaires (l’opérateur, le monteur, le costumier, le scénariste, etc.) qui viennent l’épauler. Ce mode de fonctionnement, où l’alchimie du travail collectif est partie prenante, induit une approche autre du processus créatif, qui ne semble pas avoir de réel équivalent dans le domaine des arts plastiques, quand bien même certains artistes délèguent l’exécution de telle ou telle pièce à leurs assistants.

Au-delà de ces modalités de production, si l’on entend appréhender comment se joue le rapport du cinéma aux arts plastiques, avançons qu’il ne sera pas perdu d’en revenir à cette définition simple, irréductible, du cinéma : un art du temps. Chacun à leur manière, les films entrés dans son histoire attestent de la plasticité et du caractère ductile de cette donnée, qu’il est possible de remonter et d’accélérer, d’altérer, de faire revenir en boucle sur elle-même, d’arrêter. En un mot, de manipuler.

À ceci, on ajoutera encore : en tant qu’art du temps, le cinéma peut apparaître rétif à l’exposition. Les exemples pourtant ne manquent pas d’institutions qui se sont essayées à l’y montrer, inventant pour cela de nouveaux formats d’expositions dans lesquels l’image en mouvement a toute sa place. Réunir les conditions pour que le cinéma puisse s’insérer dans un espace d’exposition impose peut-être de reconsidérer voire de sortir du modèle du White Cube, où le spectateur n’est ni assis, ni plongé dans le noir. Il ne tient qu’à lui de reprendre ou d’arrêter sa déambulation, au gré des objets qu’il découvre. Ajoutons que la multiplication et la diversité des objets qu’une exposition peut comporter tendent à diminuer d’autant le temps que le public peut accorder à chacun d’eux. Transplanter un film dans un accrochage où il aura non seulement à partager la vedette avec d’autres œuvres, mais à servir un propos qui l’excède et dont il ne constituera qu’une facette, est une gageure qui soulève d’épineuses questions.

Pour contribuer à cette réflexion, visant à faire apparaître en quoi les enjeux du cinéma et ceux des arts plastiques se rencontrent, nous vous invitons à soumettre des propositions articulées en priorité autour des axes de réflexion qui suivent :

  • Cinéma exposé
  • Cinéma élargi / Cinéma expérimental
  • La figure du cinéaste plasticien (Antonioni, Lynch, Greenaway, Varda, etc.) et, inversement, celle de l’artiste plasticien dont la démarche intègre l’image en mouvement (des vidéastes tels que David Claerbout, Bill Viola, Michael Snow, etc.)
  • La figure de l’artiste cinéphile.
  • La question de l’assimilation de certains procédés cinématographiques (split-screen, montage, fondu enchaîné, etc.) par d’autres mediums (on pense à titre d’exemple à la démarche de Monory) ou de l’imaginaire cinématographique (Cindy Sherman).
  • Les passages entre arts plastiques et cinéma (Robert Longo, Catherine Bigelow, Julian Schnabel, Steve Mc Queen…)
  • Les artistes dont le travail fait écho au dispositif du cinéma.

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Les propositions devront nous parvenir avant le 15 juin 2019, sous la forme d’une problématique résumée (5000 signes maximum, espaces compris), adressée par courriel à jerome.glicenstein@univ-paris8.fr

Les textes sélectionnés (en double aveugle) feront l’objet d’une journée d’études à Paris, à l’INHA, le 26 octobre 2019. Le texte des propositions retenues devra nous parvenir le 19 octobre 2019 (30.000 à 40.000 signes, espaces et notes compris) et les communications ne devront pas excéder 30 minutes lors de la journée d’études. Certaines de ces contributions seront retenues pour la publication du numéro 31 de Marges en novembre 2020.

La revue Marges (Presses Universitaires de Vincennes) fait prioritairement appel aux jeunes chercheurs des disciplines susceptibles d'être concernées par les domaines suivants : esthétique, arts plastiques, histoire de l'art, sociologie, études théâtrales ou cinématographiques, musicologie,…