Actualité
Appels à contributions
Voix transatlantiques. L’Atlantique littéraire en perspective

Voix transatlantiques. L’Atlantique littéraire en perspective

Publié le par Marc Escola (Source : Instituto de Literatura Comparada)

CADERNOS DE LITERATURA COMPARADA

nº 40 – juin 2019

Voix transatlantiques

L’Atlantique littéraire en perspective

 

Parmi les innovations de ces dernières décennies dans le domaine des études littéraires, force est de signaler l’intérêt croissant porté à des questions empiriques abordées de façon récurrente dans le cadre littéraire. La triade genre, race et classe ou, dans une version plus contemporaine et théoriquement renouvelée, sexualités, ethnicités, post-colonialismes et études culturelles, est devenue un lieu commun aussi bien dans des ouvrages à caractère nettement théorique que dans d’autres spécifiquement consacrés à l’analyse et à la critique littéraires.

Liée à cette ouverture sur le référent, et ce sous différentes modalités, on constate également une valorisation de toutes les dynamiques impliquant l’espace, motivée pour une bonne part par la perception mondiale ou globalisante du fait littéraire, ainsi que par la volonté de le cartographier (Moretti) ou d’y reconnaître des enjeux et un potentiel géocritiques (Westphal) ou géopoétiques (Collot, White), notamment au niveau des porosités observées entre différents plans.

La proposition théorico-critique d’un domaine d’études comme celui de                    l’« Atlantique littéraire » (Moura/Porra, 2015) s’inscrit justement dans cette conjoncture d’ensemble. D’une part, elle dépasse les confins d’une littérature nationale, et de la pure comparaison entre des cadres nationaux - comme s’il s’agissait là de blocs homogènes, nettement délimités par des frontières   terrestres -, et fonctionne plutôt comme une étape intermédiaire entre le local et le global. D’autre part, elle se penche également sur des aspects du « monde réel », comme par exemple les relations coloniales et postcoloniales, les échanges diasporiques, les déplacements migratoires et les négociations identitaires, entre autres formes d’intercommunication humaine.

Certes, la conception de l’Atlantique en tant qu’unité, voire métaphore, de la transnationalité, a commencé à être exploitée après la Deuxième Guerre mondiale par des historiens français intéressés par les thèmes du colonialisme et de l’esclavage, et a attiré ensuite l’attention d’autres domaines des sciences sociales et humaines. Toutefois, la dimension intrinsèque de traversée, échanges et transfert de l’océan Atlantique, en tant que référent vaste et fluide, n’a pas encore fait l’objet d’une analyse suffisante, si l’on excepte par exemple Paul Gilroy dans The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness (1993), Nancy P. Naro et alii dans Cultures of the Lusophone Black Atlantic (2007), Joseph Roach dans Cities of the Dead: Circus-Atlantic Performance (1996) ou Michael Malouf dans Transatlantic solidarities (2009), mais qui, cependant, se limitent respectivement à la diaspora noire et à l’univers britannique ou lusophone, à des rituels culturels, à la performance théâtrale et musicale, ou, pour le dernier cas, à la littérature irlandaise et aux Caraïbes anglophones.

Les histoires littéraires sur base nationale elles-mêmes ont parfois exploité l’idée de dialogues transatlantiques, mais en se concentrant surtout sur les relations biunivoques et sur des espaces dichotomiques tels que le Portugal-Brésil, le Brésil-Afrique, l’Europe-Amérique Latine, entre autres paires possibles.  

En proposant ici une réflexion sur un domaine comme le transatlantique littéraire (avec un préfixe emphatique délibéré), mis justement à profit par de multiples contacts volontaires et / ou forcés, et par des voix qui vont au-delà des frontières et des limites des littératures nationales, nous nous inscrivons dans la voie du « literary turn » des Études Atlantiques (Gould, 2008), entamée déjà par d’autres chercheurs (cf. Clavaron / Moura, 2012 ; Moura / Porra, 2015 ; Clavaron / Moura, 2017), mais qui continue à réclamer plus de, et différentes perspectives afin de rendre possible l’élaboration d’une cartographie littéraire transatlantique plurilingue, à plusieurs croisements multipolaires, ouverte même à des sujets subalternes dans le sens postcolonial du terme, que l’on tendait dans un passé plus ou moins récent à passer sous silence.

Bien plus que de considérer l’Atlantique, ou les espaces adjacents, comme des décors diégétiques, il s’agit ici d’exploiter des convergences ou des spécificités, des synergies, des échanges, des complicités ou des conflits impliquant des dynamiques littéraires, pouvant toucher éventuellement à d’autres arts, entre différents pôles atlantiques : l’européen, l’africain, l’américain et le caribéen, dans des langues transnationales comme le portugais, l’espagnol, le français ou l’anglais.

Dès lors, nous invitons les chercheurs en études littéraires et culturelles à soumettre des propositions qui s’inscrivent dans cette perspective d’un transatlantique littéraire lusophone, hispanophone, francophone ou anglophone, et à l’aborder spécifiquement à partir des axes suivants :

  • Circulations et dynamiques esthétiques transnationales ;  
  • Contacts culturels entre les rives de l’Atlantique ;
  • Identités / insularités atlantiques et traversées ;
  • Migrations et Diasporas ;
  • Traversées et géographies imaginaires ;
  • Villes atlantiques.

 

Les organisateurs du nº 40 (juin 2019) de la revue Cadernos de Literatura Comparada (http://ilc-cadernos.com/index.php/cadernos) – une publication périodique de l’Institut de Littérature Comparée Margarida Losa (www.ilcml.com)

Ana Paula Coutinho (ILCML – Universidade do Porto)

Leonor Simas-Almeida (ILCML – Brown University)

José Domingues de Almeida (ILCML – Universidade do Porto)

Patrícia Martinho Ferreira (ILCML – Umass Lowell) 

N.B.

Tous les articles doivent nous parvenir par courriel à cadernos.peerreview@gmail.com jusqu’au 15 février 2019.

(Si l’article n’observe pas le protocole de rédaction de la revue (en p.j.), les organisateurs du volume se réservent le droit de le refuser en ne le soumettant pas à la procédure d’expertise en double aveugle).