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"Au carrefour du blâme et de l’éloge". Journée d’étude de la SOCAR (London, Ontario, Canada)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Sébastien Côté)

« Au carrefour du blâme et de l’éloge »

Journée d’étude de la SOCAR au Brescia University College de l'Université Western

1er mars 2019, London (Ontario), Canada

On a souvent tendance à considérer le blâme et l’éloge dans leur rapport antithétique, et c’est ce qui émerge de la lecture d’un texte comme la Rhétorique d’Aristote, où les deux notions servent à définir deux versants apparemment opposés du discours épidictique. Les causes et les effets de ces deux prises de parole persuasives semblent eux aussi faciles à distinguer selon une binarité un peu simpliste : l’éloge procède des « plaisirs agréables »1 tout comme le blâme relève du domaine de l’injuste, du vil et du mal2.

Lors de la prochaine journée d’étude de la SOCAR, nous aimerions dépasser cette vision manichéenne en essayant de réfléchir sur la circularité du blâme et de l’éloge, c’est-à-dire de les envisager dans un continuum dont la frontière est éminemment ambigüe.

En effet, dans les différentes pratiques discursives telles qu’on les retrouve du Moyen Âge aux Lumières, il se trouve de nombreux exemples où la louange se change en blâme, où le blâme contient un éloge, où la louange et le blâme sont à ce point imbriqués que les repères de l’interprétation sont totalement brouillés. Des genres poétiques comme la satire fonctionnent souvent sur ce mode, de même que plusieurs pièces qui relèvent de l’éloge paradoxal comme les pamphlets, les libelles comme la Satire Ménippée. Les épîtres dédicatoires ou les appels au lecteur mélangent à l’occasion ces deux notions. L’ironie ou l’insinuation superposent souvent l’éloge et le blâme, tandis que la flatterie ou les paroles des courtisans sont parfois teintées de mépris. Différents lieux se prêtent à cette ambivalence, que ce soit la cour, les salons ou le palais de justice.

Nous invitons ainsi les propositions de communication (200 mots) sur toutes ces questions adressées à Heather Kirk (hkirk4@uwo.ca) avant le 7 décembre 2018. Les organisateurs – Jean Leclerc, John Nassichuk et Heather Kirk – assureront une réponse avant Noël.

 

1 Aristote, Rhétorique, trad. Jean Lauxerois, Paris, Pocket, coll. « Agora », 2007, I, 11.

2 Ibid., I, 3 : « De plus, comme tous les orateurs qui font un éloge ou une critique, qui conseiller ou déconseillent, qui accusent ou se défendent, ne tentent pas seulement de démontrer ce qu’on vient de dire, mais le font en montrant quelle est la mesure – grande ou petite – du bien ou du mal, du beau ou du vil, du juste ou de l’injuste ».