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Appels à contributions
Cahiers victoriens et édouardiens, n° 90:

Cahiers victoriens et édouardiens, n° 90: "De l’épistémocritique"

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Luc Bouvard)

Appel à contributions – numéro 90 des Cahiers victoriens et édouardiens : « De l’épistémocritique »

 

Le numéro 90 des Cahiers victoriens et édouardiens (http://journals.openedition.org/cve) intitulé « De l’épistémocritique » sera publié à l’automne 2019. Il se veut à la fois un hommage à Annie Escuret, professeure à l’Université Paul Valéry – Montpellier 3 pendant de nombreuses années et directrice de cette revue de 1997 à 2013, ainsi qu’une suite au numéro 46 (octobre 1997) intitulé « H. G. Wells : Science et Fiction au XIXe siècle » qu’elle avait dirigé et brillamment présenté par une introduction au titre à la fois sobre et ambitieux « Science et Fiction ». Dans cette riche et lumineuse introduction, elle observait que l’œuvre de Jane Austen marquait « le triomphe de l’épistémè newtonienne », et que celle de George Eliot, par son refus de l’aléatoire, prônait « un organicisme conservateur et réformiste ». Elle notait l’approche paradoxale d’un Charles Dickens « dont les romans font plus de place à des savoirs périmés qu’au transformisme de Darwin ». Enfin, elle abordait The Ordeal of Richard Feverel de George Meredith dont le narrateur fustige les ambitions de Sir Austin qui croit pouvoir agir sur la nature grâce à la science. Elle terminait sur les romans de Hardy qu’elle opposait à ceux de Wells. Les premiers subissaient l’influence de Darwin (mais pas de Spencer) puis celle d’August Weissmann et ses Essais sur l’hérédité dans une approche qui annonce les travaux et découvertes de Mendel, tandis que les seconds validaient les théories de l’évolutionnisme social et l’eugénisme inspiré de Francis Galton, ainsi que la théorie de l’entropie maximale et de la fin du monde par refroidissement du Soleil conformément aux vues de Thomson.

Ces quelques exemples lui permettaient de mettre à profit ses lectures fructueuses de Michel Serres, Henri Atlan, Michel Foucault, Michel Pierssens, Ilya Prigogine et Isabelle Stengers, ainsi que celles des anglophones Gillian Beer (Darwin’s Plots), Sally Shuttleworth (George Eliot and Nineteenth-Century Science), George Levine (Darwin and the Novelists), Gerard Holston (Thematic Origin of Scientific Thought : Kepler to Einstein), et Peter Morton (The Vital Science : Biology and the Literary Imagination). Par l’entremise de ces chercheurs il s’agissait de cerner les rapports entre science et fiction, les rencontres entre œuvres et savoirs. Ces rapports et ces rencontres sont l’objet de la perspective épistémocritique qui consiste, devant un texte, à s’interroger sur les usages qu’il fait des savoirs au sens le plus large du terme. En effet, plus qu’à tout autre période le XIXe siècle eut deux passions, la science et la littérature, et offrit deux âges d’or : le rayonnement de plus en plus important d’un grand nombre de sciences et de savoirs ainsi que l’hégémonie du roman réaliste et naturaliste.

Les sciences sont certes multiples et le XIXe siècle a ajouté aux sciences reconnues quelques-uns des plus beaux fleurons des pseudo-sciences, telles que la physiognomonie de J.K. Lavater, la phrénologie de Franz Josef Gall, l’anthropologie criminelle de Cesare Lombroso, mais aussi la graphologie, la pathognomie, la craniologie, lesquelles furent souvent utilisées à des fins peu louables. Toutefois, ce siècle est aussi et surtout le théâtre de développements scientifiques bien plus sérieux, comme ceux de l’économie, la thermologie, la thermodynamique, la cosmologie, la géologie, la physique, la chimie, l’électricité, le magnétisme, la biologie, la psychologie, la sociologie, la médecine, les études sur l’hérédité, l’évolutionnisme, le déterminisme, l’eugénisme, la physiologie. Le XIXe siècle voit notamment l’avènement des sciences du vivant et c’est en cela que l’association science-littérature devient particulièrement féconde. La circulation des théories liées à ce domaine permet aux représentations culturelles du vivant de se diffuser et d’influencer la pensée historique, politique et sociale grâce à de simples analogies ou des déplacements métaphoriques, lesquels peuvent à leur tour subir une appropriation par la littérature au travers des personnages ou des mises en récit. Certaines analogies, comme celles de la greffe, de l’invention, du croisement entre espèces sont autant de figures scientifiques qui trouvent des représentations littéraires dans les œuvres des auteurs victoriens et édouardiens, à la fois témoins et acteurs de cette période féconde.

Où en est l’épistémocritique dans le champ des études victoriennes et édouardiennnes aujourd’hui ? C’est ce que ce volume des Cahiers victoriens et édouardiens se propose de diagnostiquer. Seront acceptées toutes les propositions répondant à ce champ très large qu’est l’épistémocritique, selon plusieurs perspectives possibles : les répercussions des découvertes scientifiques dans les œuvres littéraires, les analogies scientifiques prégnantes dans la littérature de l’époque (analogies structurelles, thématiques, stylistiques), l’adoption ou le rejet de telle ou telle approche scientifique au sein de la littérature et toute autre approche justifiant son rapport à l’épistémocritique. La liste des théoriciens figurant dans cet appel est loin d’être exhaustive ou d’autres approches plus récentes seront les bienvenues.

Veuillez envoyer vos propositions d’articles à Luc Bouvard pour le 15 janvier 2019 au plus tard.

luc.bouvard@univ-montp3.fr

Votre article peut être en français ou en anglais. Veillez à respecter les consignes de rédaction que vous trouverez sur le site des CVE à l’adresse suivante.

https://journals.openedition.org/cve/157 pour les articles en français.

https://journals.openedition.org/cve/158 pour les articles en anglais.