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All my relations : Littératures et épistémologies autochtones comparées / All my relations: Comparative Indigenous Literature and Epistemologies (revue Post-Scriptum.Org)

All my relations : Littératures et épistémologies autochtones comparées / All my relations: Comparative Indigenous Literature and Epistemologies (revue Post-Scriptum.Org)

Publié le par Marc Escola (Source : Post-Scriptum.Org)

All my relations : Littératures et épistémologies autochtones comparées / 

All my relations: Comparative Indigenous Literature and Epistemologies

Plus qu’une expression, c’est toute une philosophie qui se donne à lire à travers les mots « All my relations »qui renvoient à l’ensemble des relations qu’entretiennent les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Relations avec des êtres humains, mais également avec le monde naturel : les animaux, le territoire, etc. En mettant de l’avant cet espace relationnel, une interconnexion qui est au cœur des modes de pensée autochtones, Daniel Heath Justice propose, dans son article « Go Away Water » (Justice, 2008), le concept de kinshipqui, en tant que processus dynamique, peut servir de « lentille critique à partir de laquelle aborder les enjeux actuels dans la critique littéraire autochtone » (p. 148, notre traduction). La notion de kinshipapparaît dès lors, dans les propos de l’auteur, comme une clé interprétative permettant d’entrer dans l’analyse de textes littéraires. Il convient aussi de réfléchir à cette notion indépendamment de son utilisation et de sa connotation dans le domaine de l’anthropologie, notamment structurale. En effet, au contraire de la définition anthropologique, la notion de kinship, qui est liée à la phrase conceptuelle « All my relations », ne renvoie pas strictement au lien de parenté. Il faut plutôt penser l’éventail des relations et des responsabilités qui se tracent à même le territoire.

De plus, cette manière de mettre de l’avant, à l’intérieur de la critique et de la théorie littéraire, l’ensemble des relations et des processus relationnels, apparaît, dès lors, être une porte d’entrée absolument féconde depuis laquelle réfléchir aux littératures et aux épistémologies autochtones dans une perspective comparatiste. Le concept de kinshipet la formule « All my relations » nous invitent à réfléchir en termes de relations, plutôt que de comparaisons. Réfléchir à la pensée littéraire qui met en scène ces relations, mais aussi à ce qu’une pensée relationnelle peut impliquer lorsque transposée dans les discours produits par la critique littéraire.

Et peut-être même la notion de kinshipnous invite-t-elle, pour reprendre les termes de Andrea Smith et Audra Simpson, à « démontrer les articulations entre les études autochtones et la littérature comparée » (2014, p. VII, notre traduction), voire à repenser les termes de la littérature comparée dans une perspective de décolonisation et, ce faisant, à repenser et réviser la discipline depuis les épistémologies autochtones plutôt que l’inverse. Mais que signifie décoloniser la littérature comparée au contraire d’une pensée de la littérature comparée qui serait, elle-même, un processus de décolonisation ? En d’autres termes, est-ce que la littérature comparée est déjà une discipline décoloniale ou doit-elle, elle aussi, être décolonisée ? Et quel rôle peut jouer la pensée autochtone dans ce projet ? 

C’est donc à partir d’une réflexion sur l’espace relationnel tel qu’il est mis en scène dans les littératures autochtones que nous invitons des réflexions critiques au sujet de ces littératures, mais aussi quant aux formes et aux manières de savoir qu’elles véhiculent. Les articles pourront ainsi aborder aussi bien des corpus littéraires que des corpus théoriques ou philosophiques.

À cet égard, voici quelques pistes de réflexion que nous voulons mettre en relief dans le cadre de ce numéro, sans toutefois s’y restreindre :

  • Quelles sont les relations entre les littératures autochtones du Canada, des États-Unis, de l’Amérique du Sud, du Pacifique Sud, etc. ?
  • Peut-on parler d’une « francophonie » lorsque nous abordons les littératures autochtones produites en français ?
  • Comment repenser les formes du féminisme/des études sur le genre/des queer studiesdepuis la pensée autochtone ?
  • Quels sont les liens existant entre la pensée autochtone et l’écocritique  ? 
  • En quoi consistent les méthodologies de recherche en études littéraires autochtones et en littérature comparée ?
  • Savoir et décolonisation : Peut-on décoloniser la littérature comparée ? Et quel est le rôle des études littéraires et de la pensée autochtone dans un tel projet de décolonisation ?
  • Quelle forme d’interdisciplinarité pour les études autochtones ?
  • Comment est-ce qu’une réflexion entre les individus BIPOC peut résulter en la création d’alliances au sein des institutions et des différentes disciplines d’études ?

Les personnes intéressées à soumettre un texte pour ce numéro de la revue de recherche interdisciplinaire en textes et médias Post-scriptumsont priées d’envoyer une proposition d’article (300 mots), ainsi qu’une courte notice biobibliographique (200 mots) à l’adresse suivante: redaction@post-scriptum.orgau plus tard le 1er avril 2019.

Les articles complets seront quant à eux, à rendre pour le 15 août 2019.

Nous invitons également les autrices et les auteurs à proposer des comptes rendus critiques liés à la thématique du numéro. 

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More than an rhetorical expression, it is a whole philosophy that is embedded in the words “All my relations”, referring to all the relationships that First Nations, Métis and Inuit people maintain; relationships with human beings, but also with the natural world: animals, territory, etc. By promoting this relational space, an interconnection that is at the heart of Indigenous world views, Daniel Heath Justice proposes, in his article “Go Away Water” (Justice, 2008), the concept of kinshipwhich, as a dynamic process, can function as a “critical lens through which to regard recent controversies in Native literary criticism” (p. 148). Therefore, the notion of kinshipappears, in the author’s remarks, as to be an interpretative key to enter into the analysis of literary texts. It is also necessary to reflect on this notion independently of its use and connotation in the field of anthropology, particularly the structural field. Indeed, unlike the anthropological definition, the notion of kinship, which seems to be linked to the conceptual sentence “All my relations”, does not strictly refer to the blood line or the conjugal partnership. Rather, we must think about the range of relationships and responsibilities that exist within the territory and all the beings that live upon it.

Moreover, this way of promoting, within literary criticism and theory, the very notion of relationality as a process appears, thus, to be an absolutely fertile entry point from which to reflect on Indigenous literatures and epistemologies in a comparative perspective. The concept of kinshipas a way to engage with “all my relations”, invite us to think in terms of relationships rather than comparisons. To reflect on the literary thought that staged these relationships, but also on what relational thinking can imply when transposed into the discourses produced by literary criticism.

And perhaps even the notion of kinship calls for what Andrea Smith and Audra Simpson present as a way to “demonstrating the articulation of Native studies to comparative literature” (2014, p. VII), or even to rethink the terms of comparative literature from a decolonial perspective, and in doing so, rethink and revise the discipline by taking Indigenous epistemologies as a starting point. But what does that mean to decolonize comparative literature as opposed to a thought of comparative literature which would itself be a process of decolonization? In other words, is comparative literature already a decolonizing discipline or should it also be decolonized? And what role can Indigenous thought play in this project? 

Hence, it is from a reflection on the relational space as it is staged in Indigenous literatures that we invite critical reflections about these literatures, but also about the forms and ways of knowing they convey. The articles can thus cover both literary and theoretical or philosophical body of texts.

In this regard, we present in the following some reflections that we would like to deepen in this issue, but being open to new insights as well:

  • What are the relationships between the Indigenous literatures of Canada, the United States, South America, the South Pacific, etc.?
  • Can we talk in terms of francophony when addressing Indigenous literatures produced in French? 
  • How to rethink the forms of feminism/gender studies/queer studies from Indigenous epistemologies? 
  • What are the links between Indigenous literature and ecocriticism?
  • In which consist the research methodologies in Indigenous literary studies and comparative literature? 
  • Knowledge and decolonization: Can we decolonize comparative literature? And what is the role of Indigenous literary studies and thought in such a decolonization project?
  • What form of interdisciplinarity exists for Indigenous studies?
  • How can a reflection between BIPOC people result in the creation of alliances within institutions and different disciplines of study?

Those interested in submitting a text for this Post-Scriptum’s issue journal of interdisciplinary research in text and media, are asked to send a paper proposal (300 words), as well as a short biobibliographic notice (200 words) to the following address: mailto:redaction@post-scriptum.org by 15 April 2019. The complete articles will be due by August 15, 2019.

We also invite authors to submit reviews related to the topic of this issue.