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Dante en France : la réception savante (Sorbonne nouvelle)

Dante en France : la réception savante (Sorbonne nouvelle)

Publié le par Marc Escola (Source : Laurent Baggioni)

Appel à communications

Dante en France : la réception savante  

Colloque international

Université Sorbonne Nouvelle, Paris

19-23 mai 2025

Le projet ANR DHAF a pour objet la réception en France de l’œuvre de Dante, systématiquement explorée sous toutes ses facettes (matérielles, artistiques au sens large, « pop », traductives) depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours. Dans le cadre de ces travaux, le colloque entend fournir une vue d’ensemble des appropriations et de la réception de Dante dans la culture savante française du XIXe siècle au XXIe siècle. Couplé, au sein même du projet ANR, à un autre axe consacré à la réception de Dante chez les écrivains français, l’axe ‘réception savante’ correspond principalement aux diverses formes de présence de Dante dans les productions universitaires, érudites ou critiques et dans leurs ‘retombées’ auprès de publics plus vastes, notamment dans l’enseignement secondaire. Deux objectifs principaux ont été fixés : faire apparaître les temps forts de l’histoire de la dantologie française dans le cadre plus large du paysage intellectuel et scientifique où elle a vu le jour ; faire émerger, au-delà des études spécifiquement consacrées au poète florentin, des foyers de sens ou des cristallisations herméneutiques qui reflètent tout l’éventail des enjeux de la ‘fonction Dante’ dans différents domaines du savoir. La période contemporaine (XIXe-XXIe siècle) sera la cible principale des travaux ; elle pourra ponctuellement être mise en perspective avec les époques antérieures. 

Le point de vue privilégié sera celui d’une histoire intellectuelle, sociale et politique des lectures et des usages de Dante, appuyée sur divers types d’approches : une focalisation sur une production déterminée ; l’étude d’une trajectoire individuelle en lien étroit avec les institutions existantes, notamment universitaires ; le repérage d’éventuelles identités de groupe qui passeraient par un usage commun de la ‘fonction Dante’, et dont on pourrait observer l’essor, la diffusion et la consolidation ; l’analyse de débats ou de toute autre forme d’horizons conflictuels qui pourraient être éclairés ou éclairer en retour l’existence de rapports de forces au sein de la culture savante ; la mise en lumière d’effets à plus ou moins long terme que la lecture et les usages de Dante pourraient avoir sur le plan de la caractérisation des acteurs, de leurs stratégies culturelles et sociales mais aussi du point de vue de l’évolution et de la transformation des institutions scolaires, universitaires, scientifiques ou académiques. Le questionnement sera lié aux fonctions dévolues à la littérature et à ses monuments, dans une dynamique de patrimonialisation. Plus largement, on pourra s’interroger sur le rôle de la réception française de Dante dans une perspective politique et européenne : Dante comme enjeu de la rivalité franco-allemande (entre concurrence scientifique et instrumentalisation politique) ou de la diplomatie culturelle italienne.

On cherchera à faire apparaître autant que possible la manière dont s’articulent, dans la convocation de Dante, le dire et le faire. Notre recherche ne veut pas être le simple recensement des discours sur Dante (sans pour autant les exclure, car l’analyse de tels discours peut avoir tout son intérêt en fonction des approches choisies) ni le pointage désincarné des usages de Dante : elle entend plutôt comprendre comment la pensée, l’interprétation ou la représentation de la figure de Dante peuvent être mises en relation avec des phénomènes intellectuels, culturels et politiques de plus grande ampleur. Depuis les travaux de Claude Fauriel et Frédéric Ozanam jusqu’aux commémorations universitaires les plus récentes, il s’agira de penser dans quelle mesure, mais aussi dans quelles limites, l’élaboration et la diffusion des savoirs sur Dante en France a constitué ou constitue encore un enjeu scientifique, intellectuel et institutionnel. 

On ne s’interdira pas non plus d’envisager la création littéraire sous l’angle d’une hypertextualité critique, du regard qu’un écrivain porte sur celui qu’il prend pour modèle, qu’il cherche à émuler, ou qui tout simplement lui offre des motifs, des ‘prétextes’, en se demandant dans quelle mesure cela détermine chez lui le travail de la création, une poïétique, en partant d’un ‘acte de lecture’ critique : quand l’hypertexte se fait à sa façon commentaire, commentaire fécond, sortant du texte commenté pour chercher son ailleurs, au lieu d’y rester cantonné, mais en agissant peut-être rétrospectivement, en un ‘effet retour’, sur la lecture de Dante... Chez Théophile Gautier par exemple, Philippe Jaccottet (qui a vécu en France pendant 70 ans jusqu’à sa mort), Yves Bonnefoy, Roland Barthes, le ‘moment’ Tel quel avec Philippe Sollers et Jacqueline Risset, jusqu’à Yannick Haenel.

Les champs d’intervention ont été choisis par convention : la philologie, l’histoire, la philosophie, la littérature et la critique littéraire. Les frontières disciplinaires étant poreuses, évolutives et mouvantes, à plus forte raison pour un auteur comme Dante, il va de soi que notre intention n’est pas de séparer les enquêtes et de cloisonner les recherches. Les termes choisis ne sont là que pour fixer les grandes directions dans lesquelles s’inscrit la réception savante de Dante : les communications s’attacheront autant que possible, en fonction du matériau considéré, à viser les croisements, les hybridations, les traverses ou les impasses, les dialogues comme les incompréhensions, les effets de groupes et les chemins solitaires. On n’exclura pas les regards portés vers l’amont de la période contemporaine. C’est la pluralité – et parfois la singularité – des approches qui sera recherchée en même temps que les grands dessins d’ensemble et les mouvements de fond. Nous interrogerons également l’existence éventuelle de paradigmes de lecture (littérature, historique, sémiologique…), leur coexistence, leur concurrence, leur hiérarchie ainsi que l’évolution de leurs relations dans le temps. 

Est-il possible, en somme, d’isoler des traits caractéristiques de la réception savante française de Dante ? Dans quelle mesure est-il envisageable de la comparer avec la réception d’autres grands auteurs étrangers ou la réception savante de Dante dans d’autres pays du monde ?   

Nous proposons une liste non exhaustive de thèmes ou de matériaux exploitables pour tenter de répondre à ces interrogations :

a)     Les productions des savants français, leurs carrières, leurs écoles

b)    Les correspondances entre savants (français et étrangers)

c)     Les chaires et les réseaux universitaires

d)    La pratique de l’enseignement universitaire et scolaire, son évolution

e)     L’histoire de l’italianisme français, en lien avec d’autres disciplines (comme l’histoire ou la philosophie)

f)     Critique et création (l’hypertexte comme commentaire) 

g)    Les bibliothèques ou les archives privées, la bibliophilie

h)    Les revues, les sociétés savantes ou associations culturelles

i)      Les liens entre dantologie étrangère et dantologie française, les transferts culturels

j)      Les relations franco-italiennes, la diplomatie culturelle italienne en France

k)    La question de la place du rapport à l’Allemagne dans la perception et les usages de Dante en France

l)      La question religieuse dans l’espace politique, en Europe ou au-delà.

Les personnes intéressées peuvent envoyer une proposition de communication (300 mots maximum, hors bibliographie), au comité d‘organisation avant le 30 juin 2024.

Les organisateurs tiennent à ce que les différentes approches donnent lieu à des échanges fructueux et suivis : ainsi seront pris en charge les frais de transports (pour qui ne pourrait pas les faire financer par son établissement), l'hébergement et la restauration du midi ainsi qu'un dîner convivial.

La longueur des interventions est fixée à 30 minutes pour permettre de larges plages de discussion.

Comité d’organisation : Philippe Guérin (Coordonnateur du projet ANR), Laurent Baggioni, Jérémie Dubois, Patrizia Gasparini, Carlo Alberto Girotto.

Comité scientifique : Johannes Bartuschat (Univ. Zurich), Isabelle Battesti (Univ. Poitiers), Patrick Boucheron (Collège de France), Alberto Casadei (Univ. Pise), Jérémie Dubois (Univ. Reims), Michel Espagne (CNRS), Paolo Falzone (Rome-Sapienza), Filippo Fonio (Univ. Grenoble-Alpes), Philippe Guérin (Sorbonne Nouvelle), Ruedi Imbach (Sorbonne), Giorgio Inglese (Rome-Sapienza), Catherine König-Pralong (EHESS), Lino Leonardi (Univ. Sienne), Claire Lesage (Univ. Rennes 2), Franziska Meier (Univ. Göttingen), Andrea Mazzucchi (Univ. Federico II-Naples), Gilles Pécout (EPHE, ambassadeur de France en Autriche), Giulia Puma (Univ. Côte d’Azur), Donato Pirovano (Univ. Turin), Bruno Pinchard (Univ. Lyon 3, SDdF), Andrea Robiglio (Univ. Louvain), Irène Rosier-Catach (EPHE), Giuseppe Sangirardi (Univ. Lorraine), Sonia Gentili (Rome-Sapienza), Fabio Zinelli (EPHE), Claudia Zudini (Univ. Rennes 2).

Contacts :

philippe.guerin@sorbonne-nouvelle.fr, laurent.baggioni@sorbonne-nouvelle.fr, jeremie.dubois@univ-reims.fr, patrizia.gasparini@sorbonne-nouvelle.fr, carlo-alberto.girotto@sorbonne-nouvelle.fr