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Anatole France retrouvé ? (Paris)

Anatole France retrouvé ? (Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Guillaume Métayer)

Anatole France retrouvé ?

Colloque organisé par Guillaume Métayer avec le concours d’Inès Tirado, dans le cadre de l’ANR « Anatole France source », en partenariat avec le Centre d’Étude de la Langue et des Littératures Françaises (CELLF, CNRS-Sorbonne Université), Sorbonne Université, l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes (ITEM, CNRS-ENS), la Société d’Histoire littéraire de la France (SHLF) et France Mémoire.

Les 14 et 15 octobre 2024

Faculté des Lettres de Sorbonne Université, Institut de France

2024 marque le centenaire d’une disparition littéraire unique, non certes en son genre mais par son importance : celui qui fut considéré comme le meilleur écrivain français de son temps, voire parfois de tous les temps, Anatole France (1844-1924) est entré alors dans un Purgatoire littéraire inédit tant par sa violence que par sa durée. Les causes occasionnelles en sont connues : pamphlet surréaliste contre Un Cadavre, cruel persiflage de Valéry à l’Académie française, effacement de la littérature Calmann-Lévy par la génération NRF, style Céline, coups de pied de l’âne contre « Anatole France en pantoufles » par son bilieux secrétaire, trahison du groupe Clarté, tournant néo-thomiste de la droite nationaliste, jadis rationaliste… : les exemples de charge et de retournement contre Anatole France sont légion. Pourtant, derrière ce théâtre d’une vie littéraire, politique et esthétique qui veut faire date avec volontarisme et souvent même brutalité, c’est certainement un bouleversement plus profond des valeurs littéraires et philosophiques qui est ici à l’œuvre. De quelle conception perçue comme périmée de la littérature et de l’intelligence « Anatole France » est-il soudain, et durablement, devenu le nom ? Sa chute bruyante dans l’oubli désigne-t-elle le « bouc émissaire » d’une génération ou la fin d’une époque plus vaste ? Au nom de quelles valeurs, de quels principes, de quelles réalités, de quelles formes ce revirement hostile s’est-il réalisé ? L’énergie ? Le roman-fleuve ? La fin de l’humanisme classique ? La haine du livre, du livresque et du lettré ? Les horreurs de la Grande Guerre ? Le primat de l’imagination ? L’historiographie communiste, socialiste, républicaine, qui lui semblait pourtant a priori favorable ? Le soufre réactionnaire rétrospectif ou bien l’audace libertaire ? Anatole France a-t-il fait les frais d’un changement de conception de la politique, de la République ou encore de la laïcité ? Les pistes sont nombreuses et définissent autant la figure d’un auteur décrié qu’elles dessinent, en creux des aversions, les sensibilités et les évolutions d’un siècle tout entier.

Une autre actualité scientifique accompagne cet anniversaire : le projet collectif ANR « Anatole France source » (CELLF-ITEM) est en train de réaliser la première édition numérique, critique et véritablement complète des œuvres d’Anatole France, instrument d’une relecture et d’une réappréciation et d’une réinscription de l’écrivain et de l’intellectuel Anatole France dans l’histoire des idées et de la littérature.

Voici des décennies que cette œuvre n’est, à part quelques exceptions qui, comme on sait, confirment la règle, plus jamais inscrite dans les programmes du secondaire ou du supérieur, des cours ni des concours. Son apparition surprise au baccalauréat, il y a quelques années, dans l’ombre de Zola, a causé son lot d’émotion. La référence à Anatole France est souvent étrangement absente, ou n’est présente que de façon très fugace, dans des études littéraires ou des synthèses historiques où sa place pourrait, devrait même être centrale. Aussi, le centenaire de cette entrée active, et même agressive, dans l’oubli, est-elle une bonne occasion pour une reprise à nouveaux frais de la question « Anatole France », d’une ressaisie collective de son œuvre à l’aune des nouvelles approches et méthodes des études littéraires, y compris celles qui auraient pu lui réserver une place plus importante comme les études de réception, étant donné son destin d’écrivain grand lecteur et de critique littéraire glorieux puis disgracié, ou les études intertextuelles, vu le rôle insistant de la réécriture et du réemploi dans son œuvre.

Ces journées, qui associeront histoire littéraire, histoire de l’art et histoire des idées, théorie littéraire et stylistique, pourront se développer autour de cinq axes, non exclusifs d’autres approches :

- Anatole France et la littérature. Seconde main et intertextualité.

- Anatole France et l’Histoire (Révolution française, histoire de France, écriture et philosophie de l’histoire…).

- Anatole France et la politique (génocide arménien, Affaire Dreyfus, socialisme, République...).

- Anatole France et les arts (musique, théâtre, cinéma, livre d’artiste…).

- Les réceptions d’Anatole France en France (Marcel Proust, Pierre Michon…) et à l’étranger (Joseph Conrad, George Orwell, Borislav Pekić, Heinrich Mann…).

- Anatole France et la décolonisation. Anatole France et la francophonie.

Merci d’adresser un titre provisoire et un bref résumé (1 page maximum) de votre proposition de contribution et une courte bio-bibliographie à Guillaume Métayer (gme.metayer@gmail.com) et Inès Tirado (inestirado@gmail.com) avant le 29 février 2024.

Les actes du colloque feront l’objet d’une publication avec le soutien de l’ANR Fransource.

Comité d’organisation : 

Guillaume Métayer, directeur de recherche au CNRS, coordinateur scientifique du projet Fransource et Inès Tirado doctorante au CELLF, collaboratrice du projet Fransource.

Comité scientifique :

Sophie Basch (Sorbonne Université), Antoine Compagnon (Collège de France, Académie française), William Marx (Collège de France), Pascal Ory (Académie française), Susan Suleiman (Harvard university).

Le colloque sera suivi d’un concert d’œuvres retrouvées de Camille Benoit (1851-1923)  à partir des Noces corinthiennes d’Anatole France (1876) par l’Orchestre et chœur de Sorbonne université, ainsi que de lectures de textes et poèmes d’Anatole France par Grégoire Leprince-Ringuet.